Normandie – Réinventer l’automobile
Pour paraphraser une citation du président américain John F. Kennedy, on pourrait dire que ce qui est bon pour l'industrie automobile est bon pour la Normandie. Le secteur pèse 25 % des emplois industriels régionaux (45 000 salariés) et représente un impressionnant patchwork d'activités, entre les grandes usines et les start-up, les équipementiers de premier rang et les PME, un pôle de compétitivité et une vaste palette de formations, dont un campus des métiers et des qualifications " propulsion, matériaux, systèmes embarqués ". De nombreux laboratoires s'ajoutent à cela, travaillant sur la propulsion, les matériaux, l'électromécanique, les systèmes d'informations, la fiabilité.
Une industrie qui se réinvente (électricité, hybridité…) tout en conservant ses fondamentaux (la dernière goutte de pétrole est loin d'avoir été consommée) sur laquelle le CESER de Normandie s'est penché, sur saisine de la Région, et a publié un rapport qui préconise " des investissements, un regain d'attractivité et une meilleure structuration des acteurs " pour assurer le développement de la filière.
Terre d'expérimentation
Premier domaine étudié, celui de la formation. " Les besoins augmentent en qualité et en quantité. Le secteur est de plus en plus compétitif ", déclare Marc Granier, rapporteur du document. Certaines compétences devront immanquablement être adaptées aux évolutions vers le numérique, les nouveaux types de motorisation et les nouveaux usages du véhicule. C'est une démarche complexe, mais qui peut s'avérer trop profitable : " Il doit apparaître une prise de conscience de la modernité de l'automobile, de sa pleine appropriation de l'industrie du futur, qui donnera une image plus positive des métiers ", espère Marc Granier. L'apprentissage et la féminisation du secteur (" là, on est loin du compte "), sont d'autres pistes à privilégier.
Directement liées à cette attractivité à construire, la compétitivité et la modernité de l'automobile normande sont à améliorer. " Il faut anticiper la robotisation, l'automatisation. Dans ce secteur, l'innovation fait la différence. Tout en conservant et consolidant le socle existant, nous devons pouvoir attirer de nouveaux talents, créer de nouvelles activités ", estime le rapporteur. " L'opportunité de faire de la Normandie une terre d'expérimentation sur les véhicules innovants doit être saisie ". Mais tout cela ne se fera pas dans une absolue vigilance autour du dialogue social : " Les aspects techniques et financiers ne doivent pas être les seuls pris en compte ".
Sur la question de la structuration de la filière, le CESER souhaiterait que les deux grands acteurs, le pôle Mov'eo, axé sur la recherche et l'innovation et l'Aria, orienté vers la performance industrielle, puissent " se rapprocher pour mieux cerner les besoins de la branche, simplifier les démarches des entreprises, renforcer les possibilités d'actions ", en liaison étroite avec l'AD Normandie. La montée en puissance des nouveaux carburants et de nouvelles sources de propulsion doit également permettre des synergies entre les filières " énergie " et " automobile ".
" La prise en compte de ces différents moyens d'action donnera une impulsion au secteur ", estime Marc Granier, qui rappelle avec force que l'industrie automobile demeure l'un des atouts de la Normandie.
Source : Magazine Normandinamik #20 | Mai-Juin 2017