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A Caen, l’ESITC se dote d’un équipement unique en France

Publié le  08/06/2018
Jacques-Olivier Gasly
ESITC-Canal-Houle
Guillaume Carpentier, responsable de l’ingénierie internationale et du laboratoire d’hydraulique au sein de l’ESITC et Philippe Sergent, directeur scientifique auprès du Cerema Eau, mer et fleuves
Un canal à houle pour contrecarrer les effets du réchauffement climatique et de la montée des eaux

En fonction depuis le 5 juin, le canal à houle de l’ESITC constitue une première, tant pour la Normandie que pour la France. Cet outil, d’une longueur de 40 mètres, profond d’1,5 mètres et doté de parois vitrées, est capable de reproduire à des échelles de 1/10e à 1/40e l’état de la mer et de modéliser ses effets sur des obstacles immergés ou offshore. Un outil unique par ses dimensions qui permet ainsi de reproduire des vagues équivalentes à 15 mètres de haut et surtout de calculer la masse d’eau en mouvement et ses effets à l’impact.

« Ce dont nous sommes certains à l’heure actuelle, c’est qu’en raison du réchauffement climatique, l’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre près d’un mètre d’ici 2100 », explique Philippe Sergent, directeur scientifique auprès du Cerema (Centre d’études et d’expertise pour les risques, la mobilité, l’environnement et l’aménagement) Eau, mer et fleuves. Cet établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques, placé sous la double tutelle du ministère de la transition écologique et solidaire et du ministère de la cohésion des territoires, est co-financeur de l’ouvrage. A ce titre il en sera l’un des principaux bénéficiaires avec une utilisation réservée de 3 mois dans l’année sur une période de 15 ans.

Il faut dire qu’en fonction des scénarios « catastrophe » sur le réchauffement classique, le niveau des mers pourrait augmenter de manière nettement plus inquiétante si les pôles venaient à disparaître : + 7 mètres en cas de la fonte de de l’Arctique, + 70 mètres en cas de fonte de l’Antarctique…

« Grâce à cet outil, nous pouvons conseiller une entreprise sur le choix des matériaux pour la réalisation d’une digue », détaille Guillaume Carpentier, responsable de l’ingénierie internationale et du laboratoire d’hydraulique au sein de l’ESITC. « Nous pouvons par exemple étudier si la résistance d’une digue surélevée dispose de la même efficacité en fonction de sa localisation géographique ; connaître sa longévité en cas d’exposition régulière à une mer violente par rapport à une édification neuve. Car derrière tout cela, il est question de sécurité des populations, mais aussi de coûts ».

ESITC-Canal-Vague
Vague artificielle testée dans le canal à houle

Autant de paramètres que les étudiants de l’école, notamment ceux du mastère spécialisé (Bac+6) « Expert en ouvrages maritimes et portuaires », pourront mettre en pratique dans le cadre de leur cursus, mais aussi les entreprises qui pourront faire appel à l’ESITC pour leurs projets avec les essais qu’autorisent le canal à houle.

Financé à hauteur d’1/3 par l’Etat, 1/3 par la Région Normandie et 1/3 par l’ESTIC pour un total de 300 000 euros, le canal à houle est également équipé d’un dispositif de récupération et de traitement des eaux destiné à permettre une utilisation régulière. Des pompes devraient prochainement compléter l’ensemble pour une mise en eau accélérée des quelques 50 m³ d’eau nécessaires à son bon fonctionnement.

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Par  Jacques-Olivier Gasly