Business Angels de Normandie : investir aux côtés des entreprises régionales
Réunis au sein de la bannière « Normandie Business Angels », les trois clubs de Caen, du Havre et de Rouen rassemblent des entrepreneurs, à la retraite ou en activité, qui ont fait le choix d’investir une partie de leurs deniers personnels dans l’économie régionale en accompagnant des porteurs de projets en création ou reprise d’entreprise. « Nous intervenons dans des opérations de financement en appui des investisseurs classiques, mais surtout en complémentarité de certains d’entre eux », explique Franck Martin, président du club rouennais des Business Angels de Normandie.
Dans le cadre d’une convention avec Normandie Participation (société de co-investissement créée par la Région Normandie), les Business Angels de Normandie sont ainsi présents en moyenne dans 6 des 8 dossiers validés tous les ans. « D’une manière générale, lorsque nous traitons des dossiers en commun, les projets sélectionnés peuvent bénéficier d’une enveloppe plus conséquente pouvant aller jusqu’à 250 000 euros », détaille Franck Martin.
Mais si l’aspect financier est un atout notable, l’accompagnement des Business Angels ne se limite pas à ce seul aspect. « Que l’on ne s’y trompe pas. Nous sommes tout sauf des « sleeping partners ». Lorsque nous prenons part à un dossier, nous intervenons également en qualité de conseil. Par ailleurs, notre entrée au capital va de pair avec une présence au conseil stratégique », assure le président du club de Rouen, créé depuis une dizaine d’années déjà.
« En ce qui nous concerne, c’est un peu comme une loterie », nous confie l’un de ses membres. « Nous acceptons de nous lancer sur la foi des éléments présentés et de la conviction du porteur de projet, sans assurance de retour sur investissement », prévient-il. Des sommes qu’il ne sera d’ailleurs pas possible de récupérer immédiatement, sauf à trouver un nouvel investisseur pour racheter ses parts.
Créé aux grandes heures de l’ISF, l’investissement dans l’économie porté par les Business Angels a quelque fois pu être perçu comme une niche fiscale. En investissant 100, mais en défiscalisant 50, la notion de perte était finalement limitée. Mais depuis l’abrogation depuis le 1er janvier 2018 de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, force est de constater que la prise de risque portée par les Business Angels est totale.
Présent à l’occasion de notre reportage à la réunion de rentrée du club, un entrepreneur normand vient ce soir-là « pitcher » devant les membres rouennais du club. Après un exercice similaire auprès du club de Caen, il est venu solliciter une participation financière dans le cadre d’une levée de fonds de 700K€. Présentation du concept, analyse du marché, étude du business plan… Une fois la présentation terminée, la salve des questions peut commencer.
« En règle générale, lorsqu’intervient la phase des pitchs, nous connaissons déjà le sujet. L’une de nos particularités étant de disposer dans nos rangs de différents profils et d’expériences professionnelles variées, un référent est chargé en fonction de ses compétences de préparer une synthèse pour l’assistance. Cela nous permet de disposer d’un avis éclairé sur la thématique abordée. Et en interrogeant le porteur de projet sur son dossier, c’est un moyen pour nous de le challenger et de mieux cerner sa personnalité ainsi que sa maîtrise du sujet »
Ce soir-là, plusieurs demandes complémentaires seront réclamées par une partie de l’assistance, devant être transmises ultérieurement avant toute prise de décision. Les autres se sont quant à eux déjà fait leur opinion : non pour les uns, oui pour les autres. Avec des promesses de financement allant de 2 000 à 20 000 euros pour les plus convaincus… A l’échelle des trois clubs qui composent Normandie Business Angels, cet investissement à destination de l’économie régionale s’est porté à 1 million d’euros en 2018.