Enquête annuelle de la Banque de France : résilience, ralentissement, reprise !
« Au niveau national, les projections réalisées par la Banque de France faisaient état d’une résilience de l’activité économique en 2022, confirmée par les derniers chiffres de l’Insee avec un PIB à 2,6%. Mais si 2023 s’annonce comme une année possiblement marquée par un ralentissement de l’activité, entre -0,3 % et +0,3% (on ne parle donc pas de récession), une reprise de l’activité est envisagée pour 2024 (+1,2%) et 2025 (+1,8%) », a ainsi expliqué Éric Villeneuve, directeur régional de la Banque de France en Normandie. Une tendance similaire à ce que révèle l’étude réalisée par ses services auprès de 1 500 entreprises régionales, entre la fin de l’année 2022 et le début de l’année 2023.
« Après une année 2021 exceptionnelle marquée par un rebond de l’activité des entreprises normandes, 2022 demeure une bonne année avec des résultats positifs et supérieurs aux prévisions réalisées par les entreprises elles-mêmes », complète le directeur régional. Ainsi le secteur de l’industrie réalise-t-il une évolution globale du chiffre d’affaires de +11,0 % (contre +12,7 en 2021 et +5,5 % en prévision), celui des services +13,5 % (contre +9,1 en 2021 et + 3,6% en prévision) et celui de la construction de +5,6 % (contre 13,3 % en 2021 et +2,3% en prévision).
Des résultats bons sur le papier, mais qui peuvent masquer des situations disparates. Un trompe-l’œil dont la hausse des cours de l’énergie pourrait être à l’origine. « Lors de notre enquête, un grand nombre d’entreprises, tous secteurs confondus, nous ont confirmé avoir été dans l’obligation de répercuter cette hausse auprès de leurs clients… « Néanmoins, lorsque l’on ajoute à ces résultats les revalorisations salariales qui ont été opérées dans pratiquement toutes les branches, avec un impact obligé sur les coûts de production, on s’aperçoit que la rentabilité des entreprises reste bonne, ce qui est un bon indicateur », poursuit Éric Villeneuve, preuve d’une économie régionale résiliente.
De fait, dans le secteur de l’industrie, celle-ci est réputée bonne par 69 % des entreprises interrogées et en baisse dans 31 % des cas. Idem dans la catégorie des services, où 72 % des entreprises interrogées jugent bonne leur rentabilité quand 28 % la disent en baisse. La situation est en revanche plus contrastée dans le secteur de la construction, avec seulement 56 % de bonne rentabilité contre 44 % qui l’estiment en baisse…
Néanmoins, s’il est un indicateur qui ne trompe pas, c’est celui de l’emploi. Et en la matière, tous les secteurs (industrie, services, construction) ont eu besoin de recourir à de la main-d’œuvre supplémentaire pour faire face à l’activité. Ce qui rend en revanche la situation compliquée, ce sont les difficultés de recrutement. « Certes, lorsque nous abordons avec les entreprises la question de l’investissement, un grand nombre d’entre elles mettent en avant le besoin d’investir pour garantir la sobriété énergétique de leurs installations et ainsi pérenniser leur rentabilité », complète le directeur régional. Mais dans le même temps, ces entreprises sont aussi très nombreuses à pointer du doigt le besoin d’accroître leurs capacités de production dans un contexte où elles peinent à couvrir le niveau véritable de leurs besoins de recrutement, orientant ainsi leurs recherches sur une plus grande automatisation des process lorsque cela est possible.