Eure : la relocalisation à l’œuvre dans la filière lin
14 machines, dont des modèles de dernière génération, un investissement de 4,4 millions d’euros (cofinancé par NatUp, l’État et la Région Normandie) pour une capacité de production de 250 tonnes de fil par an… La French Filature, implantée sur le site du peignage de Saint-Martin-du-Tilleul dans l’Eure, est la parfaite illustration de la volonté de réindustrialisation portée par NatUp, groupe agro-industriel qui rassemble 7 000 agriculteurs dont 5 000 adhérents de Normandie, Picardie, Île-de-France et Eure-et-Loir.
« Avec la French Filature, l’ensemble des acteurs textiles du territoire national disposent enfin d’un fil leur permettant la création de collections 100% made in France », explique la direction de NatUp. Un fil particulièrement prisé par l’habillement et pour la confection de linge de maison, dit « au mouillé » , capable de se tisser et d’être tricoté, « contrairement au fil de lin « au sec », plus épais, utilisé essentiellement pour l’ameublement. La capacité de production nominale de La French Filature est de 250 tonnes de fil par an, soit l’équivalent de 1,25 million de chemises, 750 000 pantalons de yoga ou encore 300 000 draps de lit ».
« Fabriquer un fil de lin au mouillé, en maîtrisant localement sa chaîne de production, de la culture de la graine jusqu’au produit fini, permet de nourrir l’écosystème et de satisfaire un nouveau segment du marché : celui de l’habillement et du linge de maison 100% made in France » explique Karim Behlouli, directeur de NatUp Fibres. Par ailleurs, le choix du titrage de fil, celui qui fixe son épaisseur, s’est porté sur le « 26 métrique » (le nombre de kilomètres de fil correspondant à un poids d’un kilogramme) qui représente 80% du marché de l’habillement.
Afin de garantir à ses clients la qualité de fil qu’ils attendent, la French Filature comporte un laboratoire qualité chargé de valider que les caractéristiques requises des fibres entrantes sont bien conformes au cahier des charges de la production mais surtout que les caractéristiques de résistance mécanique, de finesse, de couleur, de régularité du fil sont bien celles commandées. Par ailleurs, 35 collaborateurs travaillent sur le site et 3 postes restent à pourvoir. Aux collaborateurs historiques du peignage de Saint-Martin-du-Tilleul sont venus s’ajouter de nouvelles recrues formées au métier.
« C’est une grande fierté pour moi d’inaugurer aujourd’hui cette filature. La filière lin a su faire rayonner cette production européenne dans le monde entier, Aujourd’hui, s’y ajoute la capacité à satisfaire une demande de textile Made In France. Contribuer à cette niche vertueuse de production locale est une grande satisfaction pour le liniculteur que je suis et pour le président des 5 000 adhérents de NatUp », s’est quant à lui félicité Jean-Charles Deschamps, président de NatUp.
D’autres projets sont d’ores et déjà en test. Le lin n’est en effet pas la seule fibre naturelle cultivable dans nos régions, à l’image du chanvre, qui a également le vent en poupe. Face à une demande croissante des clients, une première tonne de chanvre normand a été réceptionnée à La French Filature afin d’y être peignée, préparée et filée.