Baromètre des affaires des CCI : l’économie normande marque le pas !
Le Baromètres des Affaires #27, réalisé par les CCI de Normandie, vient de sortir. Afin de disposer d’une photographie précise de la situation économique en région, les services Etudes des CCI de Normandie ont interrogé quelque 2 370 chefs d’entreprise entre le 22 août et le 8 septembre afin de recueillir leurs impressions, tant pour dresser un bilan de la période écoulée que pour dessiner les enjeux des 6 mois à venir.
« Ce n’est un secret pour personne. Les impacts longs de la crise COVID, conjugués au conflit Ukraine-Russie et ses résultantes (choc énergétique, inflation…) ont frappé de plein fouet nos économies. Et après une année de forte amélioration en 2021, force est de constater que l’économie normande semble marquer le pas au cours du premier semestre 2022 », explique en introduction de cette présentation Gilles Treuil, président de CCI Normandie. Et si des secteurs comme ceux de la construction, des services ou de l’industrie semblent avoir mieux résisté, celui du commerce en revanche enregistre une situation détériorée.
Peut-être s’agit-il des premiers effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat, mais si 28 % des commerçants interrogés estiment que la période écoulée a été meilleure en ce qui concerne le bilan global de leur activité et s’ils sont 35 % à l’estimer comparable, ils sont néanmoins 37 % à estimer que ce bilan a été moins bon.
Fort heureusement, tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne et la Normandie peut se féliciter, à la faveur d’un ensoleillement favorable, de demeurer une destination touristique attractive, ce qui lui a permis d’enregistrer une bonne saison. En effet, avec un niveau de satisfaction jugé bon à 63 %, les Cafés-Hôtels-Restaurants (CHR) ont vu leur chiffre d’affaires progresser pour 56% d’entre eux.
Pour ce qui est des 6 mois à venir, là encore les perspectives ne semblent pas trop mauvaises. « Le moral des chefs d’entreprise reste majoritairement bon puisque près de 6 sur 10 se déclarent confiants. Néanmoins, tous les secteurs d’activité anticipent une dégradation des marges et de la trésorerie, ce qui aura nécessairement un impact sur la rentabilité des entreprises. Il s’agit là d’un point d’attention important que nous remonterons bien évidemment au préfet et aux pouvoirs publics », souligne le président de CCI Normandie.
Un classement des inquiétudes et principales difficultés
En complément des questions posées lors de la réalisation de ce Baromètre, les dirigeants normands ont également été interrogés pour identifier les difficultés auxquelles leurs entreprises sont déjà confrontées et qui pourraient freiner leur développement ou leur pérennité, ainsi que leur niveau d’inquiétude vis-à-vis de certains risques. Il en ressort le classement suivant :
Les principales difficultés :
- La hausse du prix des matières premières
- La hausse du coût de l’énergie
- Les difficultés d’approvisionnement de matières premières et/ou de marchandises
- La baisse de la demande et/ou de la fréquentation
- Les difficultés liées aux ressources humaines
Le niveau d’inquiétude face aux risques actuels :
- Une possible crise financière à venir
- Les effets du changement climatique à égalité avec les conflits
- Les cyber-attaques inquiètent plus de la moitié des dirigeants (nouvel entrant dans ce top 5)
- Les inégalités sociales sont également citées par la moitié des dirigeants
- Le risque sanitaire n’est plus cité que par un tiers des chefs d’entreprises.
Et sur la plupart de ces sujets, les CCI sont à la manœuvre auprès des entreprises. Ainsi, les CCI accompagnent au quotidien les entreprises dans leur stratégie d’achat en local. « A l’image de ce que nous avons organisé au mois de juin à Rouen, se tiennent à Caen, les 13 et 14 octobre les « 24h pour relocaliser ». Cette manifestation a pour objectif de contribuer à la reconquête de notre souveraineté industrielle par la relocalisation de produits sur lesquels la France est devenue vulnérable », explique Vincent Laudat, président de CCI Rouen Métropole.
« Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’à Rouen, sur 6 produits présentés, un a déjà fait l’objet d’une production en France, un deuxième est en phase avancée de relocalisation et deux autres font l’objet d’études de R&D. La connaissance fine des entreprises locales par la CCI, lui permet d’identifier tant les besoins de relocalisation que les entreprises susceptibles d’accompagner les porteurs de projets. Son rôle ne se limite pas à l’identification des entreprises, il va également jusqu’à l’accompagnement de celles-ci dans le projet de relocalisation », détaille l’élu.
Sur les problématiques RH également, les CCI sont à la manœuvre. Elles accompagnent les entreprises par la création d’outils spécifiques pour répondre aux attentes du terrain. « C’est notamment le cas avec CCI Impulse Emploi pour les départements de l’Eure, une partie de l’Orne et de la Seine-Maritime, mais aussi de CCI-Estuaire Emploi, à cheval sur les départements de la Seine-Maritime et du Calvados », précise quant à lui Jean Michel Costasèque, président de CCI Portes de Normandie.
« Grâce à ces plateformes, l’accent est mis sur la proximité pour donner la possibilité aux recruteurs de trouver des profils locaux, et aux candidats de postuler dans des entreprises situées près de chez eux. C’est un élément différenciant par rapport aux autres outils déjà existants. Ce matching local devrait permettre de lever certains freins au recrutement qui sont parfois liés aux contraintes géographiques ». Cette plateforme s’appuie sur la technologie dite du « parsing », un outil qui permet une lecture automatique du CV pour alimenter directement le profil. Plus besoin de rédiger le profil, c’est le site qui le fait, il n’y a plus qu’à choisir sa zone de mobilité. L’inscription est intuitive et rapide », complète-t-il.
Des CCI que l’on retrouve également engagées dans la lutte contre la menace Cyber. Elles ont ainsi développé un plan préventif « pour délivrer des informations pratico-pratiques, adaptées aux PME, afin de leur permettre de prévenir les risques avant qu’ils ne se concrétisent (sensibilisation, formation cyber « Faire face aux risques de cyber-malveillance ») … Nos spécialistes peuvent par ailleurs réaliser un diagnostic sur mesure des forces et faiblesses de l’entreprise et formuler des préconisations très opérationnelles d’actions à mettre en place (au moyen du diag cyber) », assure à son tour Daniel Dufeu, président de CCI Ouest-Normandie.
Enfin au chapitre des préoccupations écologiques, environnementales et sociétales, les CCI ont développé une formation « MasterClass RSE ». Objectif : « Former et outiller les cadres dirigeants pour conduire une démarche de Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE). Les participants suivent 6 demi-journées mêlant apports d’expertise, mises en situation, cas pratiques et retours d’expérience. A l’issue de celle-ci, chaque participant repart avec sa feuille de route et des outils éprouvés pour initier ou renforcer la RSE dans son entreprise », conclut Yves Lefèbvre, président de CCI Seine Estuaire.
Interrogés sur la problématique des défaillances d’entreprises, les présidents des CCI de Normandie n’ont cependant pas caché leur inquiétude, concédant qu’un nombre plus important de demandes de rendez-vous était enregistré auprès des tribunaux de commerce. « En ce qui concerne ma circonscription, au mois de juillet, nous enregistrions 60 % de procédures en liquidation en plus qu’en 2021 à la même période et le nombre de demande de dossiers de redressement a lui aussi été multiplié par 2 », a ainsi détaillé Jean-Michel Costasèque, soulignant qu’en parallèle, le niveau de création demeurait heureusement soutenu.
Des élus qui ont également unanimement rappelé leur engagement en faveur de leurs territoires. « Les CCI sont des opérateurs publics qui œuvrent à un bon maillage de la Normandie. Et je peux d’ores et déjà vous annoncer qu’avec mon collègue du Havre, nous allons très prochainement faire entendre la voix du réseau des CCI pour manifester son opposition aux annonces relatives au TGV qui relie Le Havre à Marseille, en passant par Rouen et Lyon », s’élève Vincent Laudat. Car pour lui, la modification annoncée des horaires, devenant sans logique pour les passagers normands, conduira à une désaffection telle, que la suppression de la ligne ne sera au final qu’une fin logique.