Événements
Entre 3 et 6 milliards d’euros d’investissements ! Tel est le poids que pourrait représenter l’implantation en Normandie d’une Giga-Factory et la mise en place d’un écosystème de la batterie le long de l’Axe Seine.

 

Pour une annonce, c’est une annonce ! Alors que certains mauvais esprits se plaignent que les dossiers de l’Axe Seine n’avancent pas, la Région Normandie, l’UIMM, France Chimie, la Métropole Rouen Normandie et le Pôle Métropolitain Rouen Seine-Eure viennent officiellement de candidater pour l’implantation de la prochaine Giga-Factory*.

« L’idée est de faire en Normandie ce que Tesla vient de signer en Allemagne, à savoir la construction d’une usine en périphérie de Berlin, destinée à la fabrication des batteries de ses véhicules », explique Philippe Enxerian, président de l’UIMM Rouen Dieppe. Pour ce faire, un important travail d’identification des surfaces disponibles a été conduit pendant près d’un an pour trouver près de 500 hectares en proximité de l’Axe Seine.

« Pour l’usine à proprement parler, nous avons besoin d’une centaine d’hectares. Mais nous savons que ce qui fera la différence dans le choix d’un industriel pour s’installer chez nous, ce sera notre capacité à positionner les entreprises sous-traitantes à proximité », assure Bernard Leroy, président du Pôle Métropolitain Rouen Seine-Eure. Ainsi, de Vernon au Havre, plusieurs sites potentiellement intéressants ont été fléchés. Des espaces qui, le moment venu, pourront compter sur une instruction rapide et bienveillante des services de l’État puisqu’ils seront compris dans le périmètre des Territoires d’industrie.

Mais en attendant qu’un industriel annonce son choix de s’implanter en Normandie (notre région n’est pas la seule à candidater), ce qui constituerait alors le plus gros investissement industriel en France depuis la création de l’usine Toyota à Valenciennes, c’est tout une filière de la batterie qui se met d’ores et déjà en ordre de marche.

« La Normandie, terre d’automobile, a vocation à le demeurer. Mais avec les technologies du 21ème siècle. C’est pour cela que nous sommes candidats à l’accueil de cette Giga-Factory, indispensable pour garantir les enjeux de la voiture électrique (1 million d’unités à l’horizon 2022), et que nous lançons aujourd’hui cette filière batterie », complète.

En d’autres termes, la région normande, qui pourrait bien payer un lourd tribut en raison des différentes orientations énergétiques (rappelons que la vente des véhicules, légers ou utilitaires, à moteur thermique sera interdite en France à compter du 1er janvier 2040) doit dès aujourd’hui préparer sa reconversion industrielle.

« Mais il ne faut pas oublier que la fabrication des batteries, c’est de la chimie ». Confiant, Gérard Renoux, président de France Chimie Normandie, voit en effet dans la réalisation d’une organisation circulaire de la filière batterie une opportunité en matière d’emploi (près de 10 000 au total), autour d’un constructeur automobile spécialisé dans la fabrication des moteurs électriques (Renault Cléon) dont les volumes ne cessent d’augmenter, et d’activités spécialisées dans la réutilisation puis le recyclage des batteries.

De gauche à droite : Gérard Renoux, président de France Chimie Normandie ; Philippe Enxerian, président de l’UIMM Rouen Dieppe ; Hervé Morin, président de la Région Normandie ; Yvon Robert, président de la Métropole Rouen Normandie & Bernard Leroy, président du Pôle Métropolitain Rouen Seine-Eure

*Une Giga-Factory est le nom communément admis pour désigner une usine de fabrication de batteries, celles-ci ayant besoin  d’une importante puissance électrique pour fonctionner (Gigawatt).

 

 

Par  Jacques-Olivier Gasly