La reconquête industrielle française passe par la Normandie
Rediffusion de l'article du 19/02/21
« Pour nous, la production de masques correspondait à un nouveau métier. Il a donc été nécessaire de financer l’intégralité de cette nouvelle unité de production avec une machine de haute technicité et disposant d’un rendement suffisant pour être compétitif », détaille Jeanne Lemoine, directrice générale de l’entreprise. Une volonté rendue possible par la mobilisation de l’ensemble des collaborateurs du groupe qui ont tout de suite accepté de se former à de nouvelles techniques, mais aussi grâce à l’existence d’un écosystème économique favorable.
« Lorsque nous avons entrepris cette démarche, les prix des masques, rares sur le marché, étaient très élevés. Mais nous savions que pour que l’aventure soit pérenne, il nous fallait produire au prix des masques avant la crise*. Et il nous fallait aussi penser à leur mode de distribution… », détaille la responsable qui voit en l’initiative régionale des CCI « Protégez-vous normand », une formidable opportunité.
« Comme l’entreprise Lemoine, à ce jour, nous comptons près d’une quarantaine d’entreprises normandes qui ont adapté leur production et dont nous commercialisons les produits auprès des entreprises, collectivités et particuliers. Un petit « Amazon normand » qui permet de toucher des clients que ces sociétés n’avaient pas et qui a surtout permis de mettre en lumière la réactivité et l’adaptabilité de nos chefs d’entreprise », complète Gilles Treuil, président de la CCI Normandie.
« Mais si nous voulons que de telles réussites soient imitées, il ne faut pas oublier que les collectivités et l’État ont aussi un rôle à jouer. Comment imaginer que des collectivités n’achètent pas ces productions françaises au seul motif que les règles des appels d’offres ne prennent pas en compte la localisation des fournisseurs, mais juste la question prix ? Il faut un engagement sociétal des acheteurs : le bilan carbone d’un masque Lemoine, fabriqué en Normandie, est quand même moindre qu’un masque fabriqué à l’autre bout de la planète… Oui, il faut de la prise de risque des industriels, comme l’a démontré le groupe Lemoine, mais il faut aussi que soit intégrée la valeur ajoutée économique des territoires », complète l’élu, lui-même chef d’entreprise.
Les CCI sont là pour vous aider !
« Au travers de cet exemple, nous avons la démonstration de l’importance de travailler en réseau », complète pour sa part Daniel Dufeu, président de la CCI Ouest Normandie. « Seul, il n’est pas possible d’identifier tous ses sous-traitants, de travailler sur la montée en compétence de ses collaborateurs… Il est donc important de rappeler aux industriels que les CCI disposent d’outils adaptés et que nous pouvons les aider par exemple à valoriser les circuits courts ».
« Rendez-vous d’affaires de Normandie, la plateforme collaborative CCI Business, l’Écosystème Cléon 4.0 sur le territoire de Rouen, l’accompagnement des conseillers… Les CCI sont là pour vous faire gagner du temps. Toutes ces actions ont un point commun, celui du travail en réseau. Il s’agit d’une véritable valeur ajoutée pour les entreprises afin d’accéder à de nouveaux marchés », détaille Daniel Dufeu.
*Pour mener à bien cette aventure, le groupe Lemoine a investi près de 2 millions d’euros, recruté 30 personnes et mis 5 mois à sourcer des matières première issues de l’Hexagone, ce qui lui permet aujourd’hui d’afficher un masque fabriqué en France avec des composants 100 % français… Depuis la mise en production, près de 45 millions de masques ont été vendus, tant sur le site Protégez-vous-normand.fr qu’à de grandes entreprises nationales. A compter de ce printemps, les Centres Leclerc commercialiseront également les masques Lemoine, tout comme les groupes Casino et Système U.