Le Campus de l’Espace à la pointe de la décarbonation
« L’inauguration de ce plateau technique novateur symbolise que s’il y a bien un lieu en Europe où s’écrit la mutation de l’hydrogène décarboné, c’est bien en Normandie et dans sa vallée de la Seine que cela se passe ! », s’est ainsi réjoui Hervé Morin, président de la Région Normandie et principal financeur du projet*. Un projet de rupture à l’horizon 2026, date à laquelle celui-ci doit prendre fin, et dont l’objectif est de permettre de basculer d’un usage aujourd’hui confidentiel de l’hydrogène dans nos mobilités à un usage quasi grand public, c’est-à-dire un enjeu sociétal majeur !
Installé dans un conteneur mobile attenant à l’école ITII Normandie, sur le Campus de l’Espace à Vernon, le laboratoire de recherche permet de travailler à des preuves de concept utilisant des échelles de valeurs supérieures à celles des laboratoires classiques. « A l’INSA, nous travaillons sur des volumes de stockage de l’ordre de 2 litres alors qu’ici, nous sommes proches des 10 litres… », détaille Wilfried Badat, doctorant à l’ITII Normandie. Car c’est bien sur la capacité à stocker l’hydrogène et à assurer un transport sécurisé que portent aujourd’hui les travaux de recherches européens, notamment en Allemagne.
« Pour donner un ordre d’idée, il faut compter 11 000 litres pour stocker 1 kilo d’hydrogène comprimé conservé des conditions de pression et de températures extérieures « normales ». A -253°, ce volume, ce volume est ramené à 14 litres, mais il s’agit d’un procédé très énergivore. Notre recherche porte quant à elle sur la possibilité « d’inerter » l’hydrogène grâce à des « couples de molécules ». Avec l’INSA nous sélectionnons les meilleures d’entre elles qui, une fois stockées dans de l’eau, sont réutilisées par une pile à combustible pour redistribuer l’énergie… Et dans cette configuration, pour 1 kilo d’hydrogène, nous avons besoin d’un volume de 16 à 18 litres, c’est-à-dire un facteur 1 000 par rapport à l’existant ! », s’enthousiaste le chercheur.
A l’échelle du territoire, les enjeux de cette recherche sont donc fondamentaux. Le projet HyTII-Seine doit en effet permettre d’aboutir à une technologie autorisant une production d’hydrogène décarboné, mais aussi un stockage, une distribution et une utilisation plus sûrs pour les clients finaux, en vue d’un déploiement industriel sur l’axe Seine. Car comme le rappelle Hervé Morin, « la question de l’énergie est désormais au cœur de toutes les stratégies d’implantation »…
*Le projet HyTII-Seine (Hydrogen Techs & Innovation for Industry on the Seine axis) est soutenu à hauteur de 1,2 millions d’euros par la Région Normandie, 600 000 euros par les partenaires privés et 250 000 euros par la Région Île-de-France, l’ADEME et l’État.