Julie a toujours été baignée dans une atmosphère où la cuisine représente la tradition, le partage, l’émotion. Sa mère lui enseignait la découverte des saveurs des produits de leur Laos natal. Arrivés en France, ils ont apprivoisé d’autres ingrédients, d’autres bouquets. Elle a développé sa propre sensibilité, sa curiosité dans les mélanges des goûts et des parfums, et à force de ravir ses convives par ses trouvailles, à force d’entendre, de la part d’amis restaurateurs, qu’elle devait aller encore plus loin, elle a décidé, avec son mari Jean-Pierre, « d’oser dépasser les frontières de sa cuisine », comme dit joliment le couple.
C’est ainsi que sont nées les sauces N’oye. N’oye, cela signigie « petite » en laotien, c’est le surnom de Julie, donné par son père. N’oye, c’est « la petite sauce qui chamboule vos plats », résume Jean-Pierre. Il faut beaucoup de travail pour créer ces sauces, de nombreux essais pour définir les bons ingrédients et parvenir à l’équilibre idéal. Il a fallu aussi beaucoup de travail avant de lancer l’entreprise. Jean-Pierre et Julie ne sont pas partis à l’aveuglette. Des enquêtes de marchés, des études organoleptiques, des tests auprès de consommateurs. Et puis « nous avons frappé aux bonnes portes », expliquent-ils. Auprès de la CCI, de la Chambre de Métiers, de Latitude Manche, de Saint-Lô Agglo, un des partenaires majeurs de N’oye « On se rend compte qu’on peut trouver d’énormes soutiens, des gens compétences qui sont là pour aider les créateurs. On ne se sent pas seuls ».
Une marque normande qui grandira
Ils ont également établi une stratégie marketing très élaborée, misant sur une communication très digitale, qui mobilise les blogueurs et les influenceurs, qui distille auprès du public conseils et bonnes idées d’utilisation. Ils ont dessiné une belle étiquette, un amusant logo mariant les références asiatiques et normandes. Les circuits de distribution se sont ouverts à eux, en Normandie puis en Bretagne, avec des signatures de prestige comme la Grande Épicerie de Paris et, plus récemment, la Centrale de Monoprix. Et comme le social est au cœur de leur réflexion, ils s’appuient sur l’ESAT de Condé-sur-Vire pour la production. « Nous les manageons en direct, nous les emmenons vers d’autres compétences, c’est un bonheur de vivre cette relation professionnelle », s’enthousiasme Jean-Pierre. Tout est conçu dans les locaux loués par Saint-Lô Agglo, et c’est important pour Jean-Pierre qui veut que sa petite entreprise ait les fondamentaux d’une grande, dans tous les secteurs.
Mais avant tout, ce sont les sauces qui font le succès de N’oye. Des saveurs inédites, qui changent des accompagnements habituels, des condiments où chaque note est une découverte. « Nous sommes différenciant sur le produit, et nous répondons pleinement aux attentes de produits frais, sans conservateurs, colorants ni émulsifiants, équilibrés et originaux, faits maison », résume Julie, capable de disserter sur l’importance de choisir un vinaigre de Crète ou sur l’art du biphasé et pour qui l’innovation est essentielle. Elle explique à la perfection les mariages de N’oye, qui relève crudités, salades, légumes, viandes, poissons, en sauce ou en marinade, chaude ou froide. « Chaque sauce à son identité, son équilibre, je suis toujours à refaire, à détricoter », poursuit-elle, toujours à la recherche de nouvelles idées et de nouveaux parfums, avec la volonté de s’ancrer dans un terroir Normand, elle qui s’appuie déjà sur le vinaigre de cidre.
Car la petite N’oye va grandir. « Nous sommes très en avance sur ce que nous avions prévu, car nous nous sommes posé les bonnes questions », analyse Jean-Pierre. Sur ce solide socle, il peut prévoir les futurs développements, avec en ligne de mire la construction d’une usine à Saint-Lô et une ouverture à l’international, dans les cinq ans. Avant, c’est de recrutement dont il est question, pour se consolider sur les aspects de productions et community management, mais aussi, pour la commercialisation, l’adhésion à une marketplace et une présence toujours plus forte auprès des centrales de distribution de la GMS et des épiceries fines. Et surtout, sans doute au début de l’année prochaine, deux nouvelles sauces viendront renforcer la gamme.
Une affaire de famille
Est-ce facile de travailler en couple, de lancer une entreprise avec toute la charge de travail que cela représente, le temps et l’énergie qu’il faut y consacrer ? Pour Jean-Pierre et Julie, tout cela est très simple : « notre projet, c’est une histoire d’amour », ce qui est somme toute le meilleur ingrédient pour que tout se passe bien. Ils ont aussi su partager les tâches, avoir chacun leur domaine de compétence, ce qui fluidifie encore les échanges. Alors, certes, leurs deux filles aimeraient parfois que « on parle un peu d’autre chose », mais elles sont aussi partie prenante dans la transmission culturelle du savoir culinaire de Julie. N’oye, c’est vraiment une affaire de famille.
Les trois recettes
- N’oye sésame et piment du Japon : les saveurs des graines de sésame sont rehaussées par le piment très doux du Japon, pour de riches sensations qui se révèlent tout au long de la dégustation.
- N’oye gingembre : Un arôme camphré et citronné qui apporte une touche exotique aux plats.
- N’oye saté : Le saté un mélange à base de piment, ail, sucre, cacahuète, sels, sésame et épices, très populaire en Asie du Sud-Est et qui séduit de plus en plus les gourmets européens.
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