Tereos et Futerro préfigurent la chimie verte de demain (Rediffusion)
L’arrivée de l’un ne compensera malheureusement pas l’arrêt de l’autre. Mais beaucoup verront dans l’annonce le même jour de l’implantation d’une plate-forme bio-industrielle dédiée à la chimie verte sur la zone industrialo-portuaire de Port-Jérôme et l’arrêt des activités chimiques liées à la pétrochimie d’ExxonMobil, un signal fort des mutations en cours dans un secteur industriel en quête de décarbonation. “Pour faire le grand virage et éviter la catastrophe, il faut d’urgence passer de l’économie de la mort (le fossile) à l’économie de la vie (le biologique)”. C’est par cette citation de Jacques Attali que Frédéric Van Gansberghe, PDG de Futerro, a souhaité débuter sa présentation. “Elle résume à elle seule la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui…”
Pour créer sa plateforme bio-industrielle, la société belge Futerro, leader mondial des bioplastiques, avait besoin de disposer en proximité de sa future installation, d’une importante source de sucre afin de favoriser une production en circuit court. “Le PLA (acide poly-lactique) que nous produirons ici, le sera grâce aux 150 000 tonnes de dextrose (sucre issu de blé) produites pour nous sur le site de Tereos implanté à Lillebonne. Après un investissement de 500 millions d’euros, nous espérons atteindre une capacité de 75 000 tonnes de PLA par an et créer ainsi 250 emplois directs et 900 emplois indirects”, détaille Frédéric Van Gansberghe.
Pour la coopérative Tereos, qui transforme annuellement quelque 800 000 tonnes de blé français sur le site de Lillebonne, ce partenariat est également source de débouchés supplémentaires pour leurs coopérateurs que sont les producteurs de blé. “Une transformation qui est elle aussi vertueuse dans la mesure où 70 % de l’énergie nécessaire à nos étapes de transformations proviennent d’Ecostuaire, c’est-à-dire de la valorisation des déchets ménagers du territoire”, explique Olivier Leducq, directeur général de Tereos tout en insistant sur le fait qu’à l’horizon 2030, les besoins de chaleur du site seraient couverts à 100 % par l’unité de valorisation énergétique toute proche.
Par ailleurs, à l’échelle du groupe, un plan massif d’investissement de 800 millions d’euros a été acté afin de réduire de 65 % les émissions des différents sites européens de Tereos, auquel s’ajoutent 30 millions d’euros spécifiquement dédiés au site de Lillebonne afin de permettre l’adaptation de l’outil de production normand dans le cadre de ce partenariat.
Capables de se substituer aux pétro-plastiques, les bio-polymères produits par Futerro peuvent entrer dans la fabrication de nombreux emballages, alimentaires ou non alimentaires, de produits textiles, mais aussi de plastiques résistants utilisés par l’industrie automobile. Et pour ce qui est de leur fin de vie, une unité de retraitement unique au monde sera également installée sur le site normand, permettant un recyclage infini du PLA.