Une formation pour usineurs dans le bassin d’emploi de Dieppe
C’est l’éternelle équation de l’offre de formation par rapport aux besoins des entreprises. « L’industrie repart, tous les secteurs sont au vert, mais le recrutement est difficile. Nous ne parvenons pas à prendre toutes les commandes, car nous n’avons pas assez de gens à mettre devant les machines ». Le constat de Patrice Gault, chef d’entreprise et président du Cluster Dieppe Méca Énergies, est édifiant. Mais les entrepreneurs du bassin d’emploi de Dieppe ont décidé de ne pas rester l’arme au pied. En collaboration avec le GRETA, l’éducation nationale, pôle emploi, et avec le soutien financier de la région Normandie, ils ont lancé une nouvelle formation d’usineurs. Elle se déroulera du 12 novembre au 14 juin et permettra à douze demandeurs d’emploi d’acquérir les connaissances de base du métier, grâce à près de 1 000 heures de formation, dont environ trois quarts en école et un quart en entreprise.
Si elle rencontre le succès, cette opération sera renouvelée ultérieurement. Cela devrait être le cas, puisque les entreprises locales ont recensé un besoin d’une cinquantaine d’usineurs, un chiffre qui devrait augmenter rapidement dans les prochaines années. Cette formation est déjà dispensée par le Greta à Eu, depuis huit ans. Dieppe, elle impliquera les plateaux techniques des lycées Émulation Dieppoise et Pablo Neruda.
L’industrie repart
« Tous les acteurs ont fait preuve de bonne volonté, ont travaillé en bonne intelligence. Nous espérons que ce sera l’amorce d’une filière de formation dont la région a besoin », se réjouit le conseil régional Thierry Dulière. « Les besoins des entreprises ont été pris en compte, par exemple la maîtrise des commandes numériques. Les échanges avec le monde de l’éducation ont été très fructueux et positifs. Cela confirme l’intérêt de travailler ensemble, d’aider les écoles et les lycées à suivre nos évolutions, à partager les outils techniques », souligne Patrice Gault. Pôle Emploi va diffuser cette information auprès de tous ses publics, en leur proposant une immersion en amont dans les entreprises, car « nous nous adressons à des gens qui ne connaissent pas forcément l’usinage », remarque Tanguy Hameeuw, directeur de l’agence Pôle emploi de Dieppe, qui insiste sur l’importance de l’engagement des entreprises à faire confiance à des débutants et à les aider à monter en compétences.
Si cette formation a tous les atouts pour réussir, elle devra aussi faire face à un autre problème majeur, la question de l’attractivité des métiers de l’industrie. Dans le Cotentin, une formation mise en place sur les métiers de soudeur n’a attiré que deux candidats pour douze postes. « Nous devons gagner la bataille de la communication. C’est un enjeu vital », commente Patrice Gault. « Nos métiers, nos machines évoluent, deviennent de plus en plus intéressants, et ce n’est pas assez connu. Il faut montrer ce qui se passe chez nous, nos investissements, nos technologies, accueillir des étudiants, des professeurs ».
