Assises de l’Economie de la Mer : l’appel du Havre !
En treize années consécutives, les Assises de la Mer sont devenues un rendez-vous incontournable pour les acteurs de la filière, en France, mais aussi en Europe. Et pas moins de 1 800 personnes étaient présentes hier pour écouter le chef du Gouvernement inaugurer une manifestation qu'il avait lui-même appelé de ses vœux au Havre… à l'époque où il était maire de la ville. Et après Marseille en 2015 et La Rochelle en 2016, c'est cette année au tour de la Porte Océane d'accueillir ces deux journées d'échanges dont la clôture interviendra ce soir, en présence de Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire.
" Je ne choquerai personne si je dis que la France n'a pas un trafic portuaire à la hauteur de sa façade maritime, de son marché intérieur et de sa place en Europe. Et je n'étonnerai personne si je dis que si on ne fait rien, cela ne va pas s'arranger… ", explique Edouard Philippe devant une assemblée attentive. Car ce discours intervient juste après le Comité interministériel de la Mer qui s'est tenu vendredi dernier, le 17 novembre (et c'est la première fois qu'un CIMER se réunit dans les 6 premiers mois d'un quinquennat…), mais aussi après le rendez-vous du Premier ministre avec le président de la Région Normandie, lequel milite pour un nouveau mode de gouvernance des ports afin d'éviter entre autres que " les ports de la Seine-Maritime ne soient enfermés à n'être que les ports de Paris ".
La réponse du Premier ministre ne se fera d'ailleurs pas attendre puisqu'après seulement quelques minutes de discours Edouard Philippe l'affirme haut et fort : " Il existe en métropole, trois systèmes portuaires qui ont clairement un intérêt européen et international. Et qui pour cette raison, doivent demeurer dans le giron de l'Etat ", et ce, même si tous deux se rejoignent sur la question de la gouvernance d'HAROPA par exemple qui a " atteint ses limites ", estime le Premier ministre. Raison pour laquelle il a demandé au préfet François Philizot, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine, de conduire une mission à ce sujet, dont les conclusions sont attendues avant la fin du mois de février 2018.
Le Premier ministre a également insisté sur le positionnement stratégique de deux autres ports : Marseille et Dunkerque… " Vous le comprenez, à terme, je ne veux plus 3 ports nationaux : je veux un seul port français, avec 3 portes d'entrée ", a ainsi expliqué Edouard Philippe tout en ajoutant qu'il existait " en métropole, des ports qui ont une vocation nationale mais qui ne se situent pas sur les grands axes des trafics mondiaux. C'est bien, on en a besoin. Mais je pose la question : l'Etat est-il le mieux placé pour en assurer le développement, en particulier avec leur territoire ? Pour moi, non. Et dans cette perspective, l'échelon pertinent, c'est la Région ".
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L'appel du Havre…
Enfin le Premier ministre s'est également adressé à la jeunesse française dans son discours. " Cet appel s'adresse aux jeunes de France. Et il tient en quelques mots : " Prenez le large ". " Embarquez-vous. Et embarquez la France avec vous ". Vous voulez vivre " réellement " et pas virtuellement la mondialisation ? Prenez la mer. Vous voulez connaître une aventure totale, comparable à celle que vivent les astronautes ? Prenez la mer. Vous voulez travailler l'intelligence de vos mains, de votre corps, de vos sens ? Prenez la mer. Vous voulez aider vos concitoyens ? Engagez-vous dans les équipes de la Société nationale de sauvetage en mer dont nous venons de renforcer les moyens. Vous voulez défendre votre pays ? Engagez-vous dans la Marine ! Mais avant de prendre la mer, prenez le chemin de l'école. Celui de l'Ecole nationale supérieure maritime. Celui de l'apprentissage sur un chalutier. Prenez le chemin de la formation professionnelle. Des lycées maritimes, des universités et des laboratoires de recherche. Tous les chemins mènent à la mer ".
Edouard Philippe a également profité de cette occasion pour appeler de ses vœux une réforme du statut de l'ENSM (l'Hydro) pour " qu'elle entre dans le domaine de droit commun des écoles de l'enseignement supérieur, tout en gardant son esprit maritime. Je souhaite qu'on revoie donc rapidement sa gouvernance et ses ambitions pour qu'elle devienne le fer de lance de la formation maritime au niveau européen. Formons les Européens, plutôt que laisser les autres former les jeunes Français. Je souhaite aussi que l'Etat dresse, avec les collectivités concernées, l'état des lieux des besoins en formation maritime en Outre-mer pour que les jeunes ultramarins puissent se former près de chez eux […] Vous me connaissez : j'aime les choses simples. Eh bien, mes indicateurs de réussite le seront aussi. Nous aurons réussi quand – disons 70% - des habits et des objets que vous utiliserez au quotidien auront transité par un port français. Nous aurons réussi quand le soir, les Normands, les Bretons s'éclaireront avec une énergie qui viendra de leur horizon. Nous aurons réussi quand le développement de notre économie maritime sera 100% compatible avec le fonctionnement des océans, qu'il garantira un renouvellement des ressources et une préservation du vivant dont nous dépendons. Nous aurons réussi quand dans tous les lycées de France, y compris ceux qui se trouvent dans les terres, les métiers de la mer apparaîtront comme un avenir tout à fait naturel et accessible. Nous aurons réussi quand les métiers, les filières que j'évoquais pourront accueillir les intelligences, les bras et le courage de jeunes Français fiers de leur histoire maritime. Nous aurons réussi quand la France ne se définira plus comme des terres, continentales et insulaires, entourées de mers. Mais comme une terre, une seule et même terre de France, entourant toutes les mers ", a-t-il conclu.
Source : J-O. Gasly
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