150 pays, 350 conférences, 3 500 exposants, 175 000 visiteurs, le Consumer Electronic Show de Las Vegas continue à faire pousser les puces numériques dans le désert du Nevada. Il faut y être, et les Normands le savent bien, eux qui figurent année après année parmi les délégations les plus importantes.
" C'est à vivre ", s'enthousiasme Emmanuel Assié. " C'était mon premier CES, et on en prend plein les yeux ", résume le dirigeant de Webaxys. Curieux de nature, il a arpenté les interminables couloirs à l'affût des dernières tendances. Trois l'ont particulièrement marqué : l'intelligence artificielle (" elle est partout, il va être essentiel d'accompagner vers cette transition qui évolue en permanence "),
l'expérience immersive et les plateformes digitales. Mais beaucoup d'autres choses ont attiré son attention : " La reconnaissance vocale devient un enjeu majeur. On ne va plus toucher les objets connectés, on va leur parler. La prochaine mutation sera vocale ". La blockchain , c'est-à-dire le stockage et la transmission d'informations sans organe de contrôle, est un autre domaine stratégique qui fleurissait partout au CES. " Qui va gouverner la sécurité de l'information et comment ? La technologie sera-t-elle au service de l'Homme, ou le contraire ? ", s'interroge Emmanuel Assié.
- Faire du business
Au-delà de ces questions essentielles, la délégation Normande a vécu pleinement et intensément son séjour au Nevada, prolongé pour certains par un détour vers San Francisco et la Silicon Valley. Partir si loin, en groupe, c'est l'assurance de tisser des liens, des souvenirs, de créer un vrai esprit d'équipe. Mais on ne part pas la fleur au fusil. " Pour être honnête, on s'est demandé ce qu'on allait vraiment y trouver ", confesse Étienne Beaugrand, qui avec sa solution de paiement en ligne PaygGreen, fréquentait son premier salon. Il ne s'est pas longtemps posé la question, une fois sur place. " J'ai été frappé de voir qu'on rencontre des gens qui ont fait leur travail en amont. Ils ne viennent pas par hasard sur notre stand, ils nous ont clairement identifiés, ils ont des questions précises ". Outre le temps d'exposition, il y a aussi des discussions plus informelles, autour d'un café. " J'ai rencontré de nombreux dirigeants de grandes banques de cette manière. On conclut du business plus facilement et plus efficacement en dehors des procédures traditionnelles ".
Arnaud Leboucher-Verneau (Cotral, oreillettes intelligentes) confirme tout l'attrait en termes de rencontres : " au bout du salon, nous avons enregistré une douzaine de contacts très sérieux. Nous avons validé le potentiel de notre offre ". Olivier Huot (Tabletech, tables connectées) tient le même discours : " le CES permet de confronter le produit aux clients. Échanger avec les utilisateurs permet d'affiner son offre ". Il a aussi vécu ce que nombre de visiteurs du CES vivent : l'occasion de croiser son voisin. On va au bout du monde pour discuter avec des entreprises de la même région, de la même ville, que le rythme effréné de la vie quotidienne empêche de voir en temps ordinaire.
- Travailler ensemble
La CCI Normandie avait organisé le déplacement de 35 visiteurs, des startups, bien sûr, mais aussi des industriels plus traditionnels, pour leur permettre de toucher du doigt la réalité de la transformation numérique. Jean Fréon Elagage faisait partie de ce groupe. " Nous avons été particulièrement intéressés par le stand de Tabletech ", raconte Nathalie Fréon. Les contacts pris à Vegas se sont poursuivis en Normandie, dans les locaux de Tabletech à Évreux. " Nous avons discuté des différents usages applicables à l'entreprise ", reprend Nathalie Fréon. Tout laisse à croire qu'une relation commerciale pourrait bientôt se nouer entre les deux entreprises.
Du positif, donc, et cette impression très favorable d'une " vraie organisation de l'ensemble du territoire Normand ", selon Étienne Beaugrand. " J'ai constaté un dynamisme qui n'existait pas avant. Tout le monde est dans l'optique de travailler ensemble ". Des mots qui souligne le travail mené par la CCI Normandie, qui pilotait la délégation, avec le financement de la Région et une équipe soudée autour de l'AD Normandie, NWX, Normandie Attractivité, Normandy French Tech, le pôle TES…
Bien sûr, il faudra revenir en 2019, en passant d'abord par Shanghai, lieu du CES Asia (13 – 15 juin), où là encore CCI International Normandie sera tête de file d'une mission normande (contact auprès de guillaume.bigot@normandie.cci.fr). Il faudra y revenir peut-être encore plus groupés. " Nous devons afficher notre fierté normande. Mais il serait peut-être utile d'être plus ensemble sous le label French Tech. La multiplication des pavillons régionaux brouille un peu le message auprès des autres pays ", estime Arnaud Leboucher-Verneau. Alexandre Martini, le président de Normandy French Tech, aimerait que la délégation normande " mette l'accent sur des sociétés plus matures ".
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