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A Mouen (14), l’agriculture est partagée

Publié le  26/06/2018
Justine Hunault
Mouen co farming Farmex
Le cofarming est une tendance forte dans le domaine agricole. Farmex s’inscrit dans cette vague, en mettant en relation entreprises de travaux agricoles et agriculteurs.

L’Agritech s’impose comme l’avenir de l’agriculture. Les bonnes idées fleurissent pour que le numérique vienne aider les agriculteurs à réussir la transformation de leur métier, à sortir des difficultés financières et psychologiques qui les accablent trop souvent.

 

Avec sa société Farmex et son service LinkinFarm, Bertrand Fournier s’inscrit dans cette mouvance. Il est depuis douze ans à la tête d’Equideclic, agence de communication spécialisée dans la filière équine, leader dans les logiciels de gestion d’élevage. Bertrand Poirier a su démontrer à un secteur qui n’était pas encore complètement ouvert à ces nouveautés, toute l’importance de prendre en compte les outils numériques. Aujourd’hui, dans l’orbite du pôle Hippolia, notamment, la filière ne cesse de se moderniser, et les startups fleurissent autour des écuries et des hippodromes.

 

Il ne voulait pas en rester. Avec un ancien condisciple de l’école d’ingénieur de techniques agricole de Dijon, Philippe Fournier, ils ont réfléchi à la question de la prestation de service en agriculture.

 

« Notre objectif est de permettre aux agriculteurs de mieux vivre leur métier », résume Bertrand Poirier. Il se base sur la réalité d’une explication moyenne en Normande, avec ses 80 hectares de polyculture : « Être sur un tracteur, c’est une perte de temps. Nous lui en redonnons pour qu’il puisse développer son cheptel, travailler sur la vente locale de ses produits. C’est une question de rentabilité ».

Mieux répartir les machines

Au départ, ils ont pensé à l’Afrique, où dans la quasi-totalité des exploitations les tracteurs sont mal utilisés. Parvenir à mieux répartir les machines, et donc à rendre plus productives les fermes, permettrait de réaliser un très important bond en avant sur la question de la malnutrition. Mais le sujet était trop complexe pour l’aborder aussi tôt, même s’ils s’y pencheront de nouveau un jour. « Nous avons choisi de nous concentrer sur la France, autour de la problématique de la mécanisation des sols, qui représente un marché énorme ».

 

C’est de prestation de service dont il s’agit. LinkinFarm met en relation les agriculteurs et les entreprises de travaux agricoles. Celles-ci sont déjà très actives, mais travaillent essentiellement à proximité, avec un agenda surbooké, et peu de possibilités de communiquer, de prospecter. Les agriculteurs, eux, ont besoin de faire appel aux services des ETA car ils sont très rares à avoir leurs propres gros engins, type moissonneuses-batteuses, qui représentent un investissement très lourd pour un temps d’utilisation réduit.

 

En fluidifiant et simplifiant la mise en relation via une application, les ETA pourront trouver plus de clients, et aux agriculteurs pourront trouver la bonne ressource au bon moment. Car c’est souvent là que le bât blesse, remarque Bertrand Poirier, pointant ces 2 000 hectares de lin qui n’ont pu être ramassés en raison de la non-disposition de matériel. « Tout le monde veut les machines en même temps. Avec une meilleure répartition des offres, dans des zones géographiques plus éloignées, on peut éviter cet embouteillage ». Par exemple, la moisson de déroule avec une quinzaine de jours de décalage entre Falaise et Bayeux. LinkinFarm permettra de retenir et déplacer au bon moment les matériels. La prévision d’un épisode orageux, obligeant à réagir vite sur les parcelles, peut aussi être anticipée avec la plateforme.

Levée de fonds

 

L’appli prévoit de développer l’analyse de ces données météo ou du profil des sols. Elle dispose d’un tableau de bord pour la programmation des chantiers, elle permet de guider les conducteurs jusqu’aux bonnes parcelles (il peut y avoir des confusions), elle sécurise les règlements. Un système de notation identifie les meilleurs prestataires. Un travail de fond a été engagé avec le syndicat des ETA, pour que chacun puisse y trouver son compte.

 

LinkinFarm vient d’être lancé, et déjà des améliorations sont à venir rapidement ; 17 recrutements sont prévus dans les trois prochaines années.

 

« Il est indispensable d’avoir du monde sur le terrain pour expliquer l’outil, mais aussi pour bien cerner les problématiques », explique Bertrand Poirier. La Normandie, est la région test,  idéale en termes de diversités de schémas culturaux,  avant une extension  en France, puis au bout de trois ans, une fois la visibilité et la rentabilité du modèle établies,  à l’international, d’abord en Europe, où les problématiques sont plus ou moins identiques, puis vers des pays émergents, en Afrique, en Inde, confirmant ainsi sa volonté de toujours joindre au business une importante part de valeurs humaines, d’aide et de soutien au développement.

A savoir

Pour lancer LinkinFarm, Bertrand Fournier s’est d’abord tourné vers ses proches pour un premier apport. Puis il lui est apparu qu’une levée de fonds était absolument incontournable. Il s’est alors dirigé vers la CCI Caen Normandie et sa prestation Capital + pour y parvenir. « Ils nous ont offert un accompagnement complet. Ils nous ont challengés sur le pitch, nous ont conduits à le modifier et à l’adapter en fonction de nos cibles. Ils nous ont permis d’entrer en contact avec les bons interlocuteurs. Ils nous ont aidés à construire les dossiers », résume Bertrand Fournier. L’exercice vient de se terminer positivement, avec des montants très importants pour du pur amorçage. Le goût de la levée de fonds est venu à Bertrand Fournier qui en prévoir une autre pour le développement international de son produit.

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Par  Justine Hunault