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COVID-19 : Confinement : les commerçants s’organisent

Publié le  02/04/2020
Jacques-Olivier Gasly
Les messages gouvernementaux sont on ne peut plus clairs : « Restez-chez-vous ! ». En cette période de confinement, les sorties superflues sont en effet à proscrire. Mais s’alimenter relève d’une autre démarche, dûment autorisée dans le formulaire de sortie que chacun doit posséder sur lui en cas de déplacement. Mais si certains n’ont pas modifié leurs habitudes de consommation et continuent de « faire leurs courses » chez les commerçants de proximité ou dans les grandes surfaces, d’autres n’en ont pas le souhait, préférant limiter au maximum les contacts, voire ne peuvent tout simplement pas sortir…

Une situation qui conduit l’ensemble des commerçants à s’interroger sur la manière de poursuivre leur activité. Ainsi des initiatives individuelles voient le jour, ici (Cf notre article du 20/03/2020 ) ou là, près de Saint-Vaast-la-Hougue, où « La Verdura », entreprise de production de fruits et légumes située à la ferme du Houguet à Réville, a décidé d’organiser un service de livraison sur les communes du Haut-Cotentin en y associant l’un de ses confrères pépiniériste dont l’entreprise devait rester fermée. Ou encore sur le secteur de la baie du Mont-Saint-Michel où l’entreprise Cara-Meuh, spécialisée dans la fabrication de caramel artisanal propose pendant la durée du confinement « pour limiter la propagation du virus », la mise en place d’un service de livraison de produits locaux à domicile sur une zone allant de Granville à Avranches.

En Seine-Maritime, le Département, en association avec la chambre d’agriculture, vient quant à lui de mettre en ligne le site « Mon panier 76 » qui recense pas moins de 360 producteurs et points de vente de produits locaux en géolocalisation. Le but : limiter les déplacements, aider les producteurs à écouler leurs productions, mais aussi initier de nouveaux comportements chez les consommateurs pour les inciter à manger local.

A une échelle plus large, le site « Les fermes d’ici » fédère depuis plus de 10 ans de nombreux producteurs normands (en agriculture bio ou raisonnée) et organise des livraisons en points relais (140 en temps normal) sur les départements du Calvados, de l’Eure et de la Seine-Maritime. Un site qui, dès les premières annonces de confinement, a enregistré un afflux de commandes pour lesquelles il a fallu s’organiser.

« En l’espace de quelques jours nous avons été dans l’obligation de tout réorganiser car si nous sommes connus pour notre activité grand public, nous avons également une activité entreprises/collectivités qui nous amène à livrer en temps normal les traiteurs et la restauration collective. D’un seul coup, ces livraisons ont été interrompues, mais ont très vite été compensées par les commandes des particuliers, mais avec des volumes différents. Dans le même temps il a fallu pointer tous nos points relais, certains ayant été dans l’obligation de fermer », explique Adeline Hulmel, directrice opérationnelle du site « Les fermes d’ici ».

Des volumes tels que l’entreprise vient d’être dans l’obligation de limiter les prises de commande, notamment en Seine-Maritime où le nombre de paniers à préparer est passé de 100 à 300 ! « Nous avons un plan de charge à trois semaines… Mardi 30 mars, nous avons stoppé les commandes pour une livraison au 9 avril », prévient la jeune femme. Et dans les deux autres départements couverts par le réseau, l’engouement est le même. Son souhait ? Qu’une fois les mesures de confinement terminées, ces nouvelles habitudes de consommation perdurent et permettent aux quelques 150 producteurs normands qui participent à cette démarche locale de mieux vivre de leur métier.

D’autres démarches, plus institutionnelles celles-ci, voient également le jour à l’initiative de collectivités. Dans la Manche, c’est le cas de Saint-Lô Agglo qui, entourée de CCI Ouest Normandie et de Manche Numérique, a mis en place une alternative numérique temporaire : celle d’une Marketplace pour les commerces de proximité. « Sur ce sujet, notre problématique concerne aussi bien l’organisation de la vente et de la livraison pour les commerçants qui ne disposent pas d’un site marchand, que de garder le lien avec ses clients, sans pour autant être dans une logique de vente », explique Olivier Geslin, conseiller transformation digitale au sein de la CCI Ouest Normandie.

Sont prioritairement concernés par cette démarche les commerces de bouche, sans que les autres secteurs soient pour autant écartés. « Il s’agit avant tout pour eux d’organiser leur visibilité. Pour les commerçants qui sont affiliés à un réseau, la question ne se pose pas, mais les indépendants qui n’ont même pas de site vitrine, ont besoin de s’adresser à leurs clients pour leur dire qu’ils seront au rendez-vous lorsque tout sera rentré dans l’ordre ».

Une initiative pour l’instant testée à l’échelle de l’agglomération de Saint-Lô mais qui, selon les résultats, pourrait être étendue à un périmètre ou des zones géographiques plus larges. « Par ailleurs nous sommes en contact avec l’ensemble des Unions Commerciales du ressort de la CCI pour remonter les bonnes pratiques et faire en sorte que ce projet profite au plus grand nombre », détaille Olivier Geslin.

Citons encore cette initiative de la ville de Dieppe qui, suite à la suspension de ses marchés, a mis en place une cartographie permettant de localiser tous les commerçants de sa ville mais aussi les producteurs habituels du marché qui assurent un service de livraison.

Par  Jacques-Olivier Gasly