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Des drones au service des urgences : une première française testée en Normandie

Publié le  09/07/2024
Jacques-Olivier Gasly
En partenariat avec la société rouennaise Delivrone, le SAMU de Rouen expérimente une nouvelle façon de porter assistance aux victimes d’arrêt cardiaque : le drone ! Une première à l’échelon national qui a vocation à s’étendre : dès 2025, un drone similaire sera installé sur les hauteurs de Rouen…

Le scénario est digne d’un film de science-fiction… Vous vous promenez à travers champs lorsque soudain, devant vous, une personne est victime d’un arrêt cardiaque ! Vous ne connaissez pas les lieux et savez encore moins où se trouve le défibrillateur le plus proche… Heureusement, vous avez eu le bon réflexe : vous avez composé le 15. A l’autre bout du fil, le médecin régulateur qui est en ligne avec vous vient également de déclencher l’envoi de son drone sauveteur. En à peine quelques minutes, celui-ci est sur zone grâce à la géolocalisation de votre téléphone et dépose à moins de deux mètres de vous un défibrillateur prêt à être utilisé, en attendant l’arrivée physique des secours…

Présenté officiellement mi-juin non loin de Forges-les-Eaux (76), à mi-chemin entre Gournay-en-Bray et Neufchâtel-en-Bray et à 40 minutes de route du CHU de Rouen, le concept du drone médical d’urgence est loin de constituer un gadget. Son développement a d’ailleurs été réalisé sous la constante surveillance des équipes du CHU de Rouen et de celles de la société rouennaise Delivrone, passée par l’incubateur Neoma et installée au sein d’Innovapôle, la pépinière d’entreprises de la CCI Rouen Métropole.

« Notre constat de départ est simple : chaque année en France, 500 000 personnes décèdent des suites d’un arrêt cardiaque. Or à chaque minute qui sépare cet arrêt d’une tentative de réanimation par défibrillateur, le patient perd 10 % d’espérance de vie. Sachant qu’il faut en moyenne 13 minutes aux secours pour se rendre sur zone, l’urgence est réelle. Bien entendu il existe des défibrillateurs installés un peu partout. Mais quand vous intégrez à l’équation que seulement 40 % de la population serait formée aux premiers gestes de secours, que 30 % de ces défibrillateurs sont soit hors-service, soit installés dans des lieux non accessibles 24h/24 (gymnases, mairies…), réfléchir à cette solution qui permet d’acheminer un défibrillateur en parfait état de marche en moins de 6 minutes sur sa zone d’intervention, cela a du sens », explique Cédric Damm, médecin urgentiste et directeur du SAMU de Rouen.

Localisée dans une zone interdite au public, la station de ce drone médical d’urgence fonctionne en totale autonomie. Celle-ci est installée dans un conteneur aménagé qui permet de maintenir le drone en parfait état de marche. Puis, dès son activation par le médecin régulateur, situé à 40 kilomètres de là, celle-ci se transforme directement en zone de lancement. Les seules interventions humaines sur le site restent donc les opérations de maintenance classique et la mise en place d’un nouveau défibrillateur après chaque utilisation.

Pour parvenir à ce résultat, la Région Normandie a porté financièrement la quasi-totalité du développement du projet (251 563 euros). Quant à la société Délivrone, celle-ci n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2023, l’entreprise, membre de la filière NAE, réalise dans la Manche des transports d’échantillons sanguins assurés par drone entre deux laboratoires situés à Granville et Saint-Lô. Temps de trajet : 36 minutes par les airs contre 1h par la route…

Par  Jacques-Olivier Gasly