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Impact de la guerre en Ukraine sur les PME : rencontre avec Alain di Crescenzo

Publié le  07/04/2022
Jacques-Olivier Gasly
A l’invitation de l’AJPME (Association des journalistes de PME), Alain di Crescenzo, président de CCI France, Matthias Fekl, président de la Commission Internationale de la CPME et ancien ministre, ainsi que Sébastien Bersinger, économiste au Cabinet Asterès, sont intervenus dans le cadre d’une matinée consacrée à la guerre en Ukraine et à l’impact sur les PME françaises. L’occasion également pour le président de CCI France de revenir sur les différents dispositifs d’accompagnement des entreprises et le rôle essentiel confié aux CCI par l’État.

« Le choc est rude », explique Alain di Crescenzo, président de CCI France. « Normalement, cette période devait être consacrée à la relance économique d’après COVID. Or, ce conflit, qui est avant tout un drame humain, ne l’oublions pas, est également source de stress et d’incertitude économique pour nos entreprises ».

Missionnées par l’État afin d’informer et d’accompagner les entreprises françaises, les CCI déploient depuis plusieurs semaines différents dispositifs, dont une plateforme numérique dédiée. Celle-ci a déjà recensé 20 000 visites et pas moins de 45 000 appels ont été réalisés afin de remonter problématiques et inquiétudes aux différents services de l’État.

« Les questions sont très variées : comment me faire payer ? Comment répercuter les hausses à mes clients, comment embaucher des Ukraininens… ? Mais il y a aussi des interrogations plus poussées qui vont nécessiter ce que j’appelle une réponse « cousue main », car il existe de nombreux cas qui ne rentrent pas dans les cases… », souligne le représentant des CCI de France, en indiquant que la hausse des prix de l’énergie et des matières premières concentrait l’essentiel des inquiétudes des chefs d’entreprise. « A titre d’exemple, j’étais dernièrement dans une usine de fabrication de chips. Le prix de l’huile, essentielle à leur fabrication, est ainsi passé de 980 € la tonne à 2 800 €. Et pour l’industrie du verre, c’est actuellement la double peine puisqu’ils sont à la fois confrontés à la hausse des prix des matières premières et à celui du gaz, indispensable pour chauffer les fours… ».

« Que cette crise soit une leçon ! Qu’elle permette de comprendre que nous sommes arrivés au bout d’un système où la rupture d’approvisionnement met en péril l’économie et impacte directement nos collaborateurs qui sont aussi des consommateurs… Il faut aujourd’hui penser relocalisation et il est impératif de le faire maintenant. Au sein du réseau des CCI, nous avons listé 58 produits dont la production pourrait être rapatriée. Cela permettrait d’économiser 120 milliards d’€ en importation et de créer 300 000 emplois… », détaille Alain di Crescenzo. Mais pour y parvenir, une prise de conscience collective sera nécessaire, assure l’économiste Sébastien Bersinger. « Au sortir du 1er confinement, alors que ces intentions étaient déjà fortes, cela s’est au final traduit par un doublement de nos importations en provenance d’Asie… ».

Une manœuvre qui ne doit cependant pas être interprétée comme un repli sur soi. « Bien au contraire », plaide Matthias Fekl, président de la Commission Internationale de la CPME. « Il est impératif pour les PME françaises de ne pas baisser les bras parce qu’elles ont perdu des marchés à l’export. Il faut dès maintenant songer à trouver d’autres partenaires, y compris pour sécuriser leurs approvisionnements, car les effets de cette crise seront longs avec de nombreux effets à retardement ».

Accueillir et donner les moyens de s’intégrer !

Si la solidarité ne figurait pas au chapitre des missions confiées par l’État aux CCI, celles-ci se sont auto-saisies de la problématique en organisant dans leurs territoires d’importantes collectes de dons. Mais au-delà de l’élan spontané se pose également la question de l’accueil des réfugiés et de leur intégration. « Nous sensibilisons actuellement les entreprises à la possibilité d’embaucher des Ukrainiens, notamment pour celles qui connaissent des difficultés de recrutement. Mais cela étant, nous sommes également conscients qu’aucune intégration ne peut correctement se faire quand il y a un problème de maîtrise de la langue. Pour y remédier, nous mobilisons l’ensemble de nos centres de formation – nous sommes le deuxième formateur de France après l’Éducation Nationale – afin de proposer aux réfugiés des cours de français », explique Alain di Crescenzo.

Par  Jacques-Olivier Gasly