La filière bois menacée
La France a beau être le 3e producteur mondial cet arbre et le premier en Europe, son bois est désormais massivement exporté, notamment vers la Chine. 40 % de la récolte qui part à l’étranger et échappent donc à l’activité. : « Nous avons de plus en plus de mal à trouver du bois ! » déplore Denis Mommert. Le constat est amer pour ce directeur d’une scierie située entre l’Eure et la Seine-Maritime.
Joël Lefebvre, Président de la FNB Normandie explique : « Nous avons toujours exporté des grumes en Europe. Les conditions de concurrence étant équitables, cela ne pose pas de problèmes. Mais avec l’Asie, la concurrence est faussée du fait de coûts de main-d’oeuvre moindres et d’aides de l’État. De plus, ses besoins sont sans commune mesure avec ce que la forêt française est capable de produire. Même si toutes nos scieries disparaissaient, les grumes françaises ne représenteraient qu’un faible pourcentage de la demande. Au vu des augmentations de prix incessantes, il semble qu’il n’y ait pas de limites à ce que l’Asie est disposée à payer. Résultat, les scieries françaises surpayent actuellement les grumes afin de pouvoir travailler. Elles tournent à perte. Des fermetures sont inévitables ».
Menace sur les emplois
L’appétit de la Chine est insatiable, car une réglementation très stricte limite sa propre exploitation forestière. Et la situation de la Normandie est particulièrement fragilisée par la proximité des grands ports européens.
« Le phénomène s’est accentué depuis trois ans et menace à court terme les emplois dans les scieries, car nous ne pouvons pas nous aligner », confirme Jean-Bernard Bahier, directeur de Raison Bois et Débits, dans l’Orne.
Les conséquences de ce phénomène sont multiples. D’abord, une empreinte carbone lourde, car le bois effectue des dizaines de milliers de kilomètres au lieu de rejoindre les scieries voisines. Ensuite, une perte d’activité et de valeur ajoutée évidente pour l’économie nationale. Enfin, des menaces sur l’emploi : pour 10 000 m3 de grumes, l’export ne génère, en effet, qu’un seul et unique emploi contre dix à vingt dans la transformation.
« Entre 2010 et 2016, le nombre de scieries normandes a chuté de 20 % – souligne Joël Lefebvre.
Source : Magazine Normandinamik #26 | Mai-Juin 2018
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