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Le renouveau de la malle Bernard s’écrit à Coudres (27)

Publié le  27/08/2021
Jacques-Olivier Gasly
C’est dans l’Eure, sur la commune de Coudres, non loin d'Evreux, que se situent les ateliers de l’entreprise « La Malle Bernard ». Une histoire débutée en 1846 et que Daniel Bizet s’efforce de faire revivre. Particulièrement impactée par la situation économique née de la crise COVID-19, La Malle Bernard a reçu le soutien de la CCI Portes de Normandie via le dispositif CCI Prévention afin de surmonter cette période difficile.

Rediffusion de l'article du 04/06/21

Créée à la fin de la première moitié du 19ème siècle, l’histoire de La Malle Bernard est semblable en tous points à celle des grandes marques du luxe à la française qui voient le jour dans une période de grande prospérité : Hermès, Vuitton… Réputée et surtout reconnue pour la qualité de ses productions, La Malle Bernard est spécialisée dans la conception et la réalisation de malles de transport haut de gamme.

« L’entreprise évolue dans l’univers du malletier-emballeur. Nous réalisons aujourd’hui des séries prestiges pour permettre aux marques de luxe de participer à des salons en disposant de malles qui sont tout à la fois à la fois des écrins permettant de préserver leurs objets de valeur pendant le transport, mais aussi des présentoirs pour sublimer aussi bien des bijoux que des flacons de parfums », explique Daniel Bizet, nouveau propriétaire de la marque et dont les bureaux sont situés au cœur-même de la manufacture.

Épaulé dans sa démarche par Rémy Bernard, aux commandes de l’atelier de fabrication et lui-même issu de la 4ème génération de Bernard, Daniel Bizet s’est fixé pour objectif de faire revivre cette marque confidentielle, essentiellement connue des professionnels, et de la faire découvrir par le plus grand nombre.

Une ambition malheureusement très vite contrariée par l’actualité économique. « J’ai procédé au rachat de la marque en septembre 2020 avec un business plan totalement irréalisable puisque celui-ci s’appuyait également sur les ventes de notre magasin parisien, essentiellement fréquenté par une clientèle de touristes étrangers. Ma première préoccupation face à cette situation a été de me demander comment faire pour préserver l’emploi et par là-même, comment préserver notre savoir-faire ? », explique Daniel Bizet qui se rapproche aussitôt de la CCI Portes de Normandie.

« Après plusieurs contacts avec François-Xavier Guéné, conseiller à la CCI et Pierre Minier, son directeur-général adjoint, nous avons travaillé ensemble et profité du dispositif CCI Prévention pour solliciter les différents organismes compétents et instruire ensemble les dossiers », détaille le responsable, reconnaissant de l’existence d’un tel dispositif.

« C’est certain, 2021 sera encore une année compliquée, même si nous enregistrons de nouveau des demandes de la part de nos clients », insiste l’entrepreneur, la réouverture des magasins de luxe n’étant d’ailleurs pas étrangère à ce phénomène. Afin de séduire une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat et très en demande de produits estampillés « Fabriqués en France », La Malle Bernard envisage, dès 2022, de participer à des missions de prospection à l’export réalisées par Team France Export.

Par ailleurs désireuse de concilier classicisme des lignes et modernité des matériaux, La Malle Bernard est actuellement engagée dans un programme de recherche et d’innovation avec l’entreprise normande Eco-Technilin. Objectif : introduire le lin, production normande par excellence, dans la composition de ses malles et dont les propriétés de légèreté et de résistance sont en totale adéquation avec les besoins du malletier, également soucieux de la préservation d’une fabrication totalement manuelle.

« Dans l’atelier, les compagnons doivent savoir tout faire : ils sont fûtiers, gainiers, selliers, malletiers, posent eux-mêmes les ferrures… Chaque malle est unique et rien n’est standardisé », insiste à son tour Rémy Bernard, 74 ans et passionné de transmettre son savoir à une jeune apprentie issue du Lycée des métiers Boismard de Brionne avec qui l’entreprise est en lien pour les formations en maroquinerie.

Par  Jacques-Olivier Gasly