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Les usineurs normands Chantreuil Mécanique, Leblanc SA et Hag’tech ouvrent une école de production dans la Manche

Publié le  24/10/2019
Jacques-Olivier Gasly
Les écoles de production sont regroupées au sein de la Fédération des écoles de production. 25 écoles existent à ce jour en France
L’école de Production propose une formation professionnelle diplômante aux jeunes qui ne trouvent pas de réponses à leurs attentes dans le système classique. Elle offre une alternative en matière de formations dans un secteur qui peine à recruter faute de profils qualifiés. La première promotion accueillera une douzaine d’élèves début janvier.

Trois usineurs sont à l’origine de cette école de production : Chantreuil Mécanique à Picauville, Leblanc SA à La Hague et Hag’Tech à La Hague, en partenariat avec l’UIMM et la CCI Ouest-Normandie.

Installée à Valognes dans la Manche, l’école s’adresse aux jeunes de 15 à 18 ans et repose sur le principe de « Faire pour apprendre ». Alternative à l’apprentissage, la formation comporte 2/3 du temps en conditions réelles au sein de l’école où les élèves travaillent en sous-traitance pour des industriels locaux, ce qui représente un nombre d’heures de pratique supérieur au parcours classique. Le tiers restant étant consacré à l’enseignement général. L’école délivrera un CAP Conducteur d’installation de production, l’objectif pour l’année 3 ou l’année 4 étant d’ouvrir une filière Bac Pro.

Cette école repose sur un modèle qui a fait ses preuves puisque 33 écoles de production existent actuellement en France*. L’objectif est clairement de répondre aux lacunes en matière de formations dans un secteur qui peine à recruter faute de profils qualifiés.

La sélection des élèves est indépendante de leurs notes scolaires : ils sont recensés auprès des directeurs d’établissements scolaires qui ont identifié des élèves en voie de décrochage, ou encore auprès des missions de lutte contre le décrochage scolaire. L’école accueille également des élèves sur candidatures libres. En tout, une promotion pourra accueillir entre 10 et 12 élèves par an.

« Sachant que sur notre territoire du nord Cotentin on recense 300 décrocheurs scolaires par an, notre humble vocation n’est pas de nous substituer aux lycées professionnels mais de proposer à ces élèves décrocheurs une alternative au parcours scolaire classique dans lequel ils ne se retrouvent plus » souligne Arnaud Buret, dirigeant de Leblanc SA.

Les enseignants sont des maîtres professionnels issus du monde de l’industrie qui ont pratiqué le métier durant des années : chef d’atelier, responsable de production… ils sont à un moment de leur carrière où ils ont envie de transmettre leur savoir et de s’impliquer auprès de jeunes.

En termes de qualification, la valeur ajoutée d’une école de production réside dans son mode de fonctionnement : les élèves produisent des pièces qui ont été commandées par des industriels locaux, avec les mêmes impératifs qu’une entreprise : compréhension du besoin client, respect des contraintes de qualité et de délais, apprentissage d’un savoir-être en entreprise. En outre, les élèves travaillent sur des équipements semblables à ceux que l’on retrouve chez les sous-traitants locaux, ce qui permet une intégration plus rapide à leur sortie de l’école. L’école sera ainsi équipée de trois tours numériques, d’un tour conventionnel, de trois centres d’usinage numérique et d’une fraiseuse conventionnelle.

Au global, l’école aura nécessité un investissement de plus d’un million d’euros financé notamment par la Fondation Total, la Fédération Nationale des Ecoles de Production (FNEP) et la Région Normandie. « Sans ces appuis indispensables, l’école n’aurait pas pu voir le jour. Nous remercions tous nos financeurs, et notamment la fondation Total et la Région qui a lancé un plan pour développer des écoles de production dans chaque département » poursuit Arnaud Buret.

Bien entendu, le fonctionnement de l’école nécessite un financement pérenne qui passe d’une part par la vente de sa production pour un tiers environ, et d’autre part par la taxe d’apprentissage et le mécénat. « Nous appelons les entreprises locales à s’impliquer dans notre projet d’intérêt général, soit par une aide financière soit en nous confiant la production de pièces simples » précise Rodolphe Chantreuil, dirigeant de Chantreuil Mécanique.

Après l’installation des machines fin novembre, l’école devrait accueillir sa première promotion fin décembre.

Une initiative saluée par Philippe Eudeline, président de Normandie AeroEspace : « Nous nous félicitons que les entreprises prennent le problème des formations et de l’emploi à bras le corps. Notre secteur doit encore travailler pour rendre les métiers industriels plus attractifs auprès des jeunes et parvenir à combler la pénurie de profils adaptés aux besoins en recrutement qui sont bien réels et malheureusement pas assez pourvus. Nous encourageons ce type d’initiatives, tout comme les entreprises qui ouvrent leurs propres cessions de formation. Elles complètent efficacement les dispositifs de formation classiques, ainsi que les formations labellisées que nous avons mis en place »

 

*Les écoles de production sont regroupées au sein de la Fédération des écoles de production. 25 écoles existent à ce jour en France : une dizaine ont été créées ces dernières années, l’objectif étant de créer 50 à 60 écoles dans les années à venir. En Normandie, on compte une école de production en restauration à Rouen et une école en usinage va ouvrir sur Evreux.

Source : Communiqué NAE

Par  Jacques-Olivier Gasly