Non, les PME de transformation agroalimentaire ne profitent pas de l’inflation !
« NON, les PME de transformation agroalimentaire ne profitent pas de l’inflation* et la grande majorité d’entre elles n’ont pas enregistré de baisse de leurs coûts. OUI, une répartition juste des marges tout au long de la filière et un prix juste pour le consommateur, sont les conditions indispensables d’une alimentation responsable, de la durabilité de notre tissu agroalimentaire territorial et de la préservation de notre souveraineté alimentaire »… C’est en ces termes que l’AREA Normandie souhaite alerter le plus grand nombre sur la situation compliquée des entreprises agroalimentaires en Normandie.
Dans cette tribune datée du 28 septembre et co-signée par les représentants des acteurs économiques normands ainsi que par les entreprises du secteur, l’AREA Normandie veut alerter sur les inquiétudes des entreprises de l’agroalimentaire, constituées à 80 % de PME, c’est-à-dire très éloignées des schémas d’optimisation économique de multinationales aujourd’hui pointées du doigt pour mettre ainsi un terme à cet amalgame.
« Ces PME alimentaires et ces exploitations agricoles régionales ont fait partie de la deuxième ligne pendant les crises sanitaires Covid. Grâce à leur taille, elles ont su faire preuve d’agilité pour trouver des solutions face aux difficultés sociales, aux pénuries de matières premières agricoles et de matières premières industrielles, afin d’assurer leur mission d’intérêt général : nourrir la population avec des produits sûrs, variés et de qualité », rappelle l’AREA Normandie, et ce, dans un contexte de 8 années consécutives de déflation de leurs produits.
A cette situation se sont ajoutées dès 2022 une hausse des engrais de l’ordre de 300 %, une hausse des salaires (+10% du SMIC), une augmentation généralisée et historique des coûts de production des matières premières industrielles (verre entre 40% et 60% ; carton entre 20% et 40% ; gaz et électricité de 50% à 100%) … « Les entreprises agroalimentaires de tailles petite, moyenne et intermédiaire n’achètent pas leur énergie sur les marchés spots et la paient encore très cher », rappelle l’AREA Normandie, qui déplore déjà sur la période du 1er trimestre 2023, une hausse des défaillances d’entreprises de l’ordre de 50%.
Un contexte des plus tendus pour ce secteur qui représente quelque 25 000 emplois, 90 000 si l’on y ajoute toute la partie amont, constituée par le secteur agricole. En effet, soucieuses de la vitalité de leur territoire, « les entreprises agroalimentaires s’engagent auprès des agriculteurs et des pêcheurs locaux », insistent les signataires, rappelant « que de belles filières pourtant structurées, sont aujourd’hui fragilisées par le risque d’un approvisionnement international ».
*Référence à l’article de la revue 60 millions de consommateurs d’avril 2023.
