Regards vers le futur
Et si l’industrie du futur était plus une révolution culturelle qu’une révolution technologique ? C’est la conclusion qui ressort d’un groupe Plato organisé par la CCI Portes de Normandie dans les locaux de Mafter-Bourgeat.
Un site qui n’a pas été choisi au hasard, tant cette entreprise, leader mondial pour les petits équipements de cuisine, a pris à bras le corps la question de l’évolution de ses métiers, déclinant toutes les innovations indispensables pour continuer à être performant. Innovations managériales et d’organisation, bien sûr, mais aussi commerciales et marketing : « il faut plus d’émotionnel, se baser sur le goût, l’appétit », résume Luc Van Ryssel, le directeur général. Innovation digitale, évidemment, car il est impossible de ne pas accompagner le mouvement.
« Les newsletters et les campagnes de e-mailing sont dépassées. Il faut être présent sur les blogs, les nôtres et ceux des chefs qui utilisent nos produits. Quand un pâtissier américain réalise une vidéo qui cumule 250 millions de vue, avec nos produits, c’est un plus énorme ».
Innovation technologique, enfin, mais pas sans une réflexion approfondie. « Nous avons créé il y a quelque temps un produit très novateur, un lave-main qui a été » primé a des concours. On n’en a jamais vendu, car son positionnement n’était pas le bon », explique Luc Van Ryssel. « On ne se refuse pas à aller chercher des technologies très éloignées de nos d’origine, mais il faut qu’elles soient adaptées au marché, aux besoins des clients ».
Au total, il est question de « se différencier en consolidant les expertises, en réveillant les talents en organisant l’agilité ». C’est une excellence collective qui se met en œuvre, un « cheminement qu’il faut engager ».
Une pilotage pointu
L’industrie française est-elle organisée pour le faire ? Il faut se tourner vers l’Allemagne, pionnière en 4.0, pour voir qu’un certain retard est en train de se creuser. « L’industrie 4.0 pour les Allemands, c’est une autre manière de produire, d’organiser de nouveaux flux pour créer des biens personnalisés en temps réel, et au même coût que la production de masse », résument Dorothée Kohler et Jean-Daniel Weisz, du cabinet de conseil Kohler Consulting.
On y parle beaucoup de « série de taille 1 », contrepied total du fordisme, ce qui nécessite de « passer d’une approche process à une approche client » et de penser en terme de cyber-physique, cette « méta banque technologique capable d’autoréguler l’usine autour d’un pilotage pointu pour répondre à des demandes précises », dans lequel la chaîne de production est conçue de manière éclatée. Les modèles d’affaires sont remis en cause, avec un appel plus grand à l’intelligence individuelle et collective : « les alliances, les plateformes jouent un rôle essentiel. Il faut savoir interagir, contractualiser, promouvoir le leadership collectif ».
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