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Normandie Aéronautique

Des pépites dans l’espace

Publié le  02/02/2018
Bertrand Lefetz
Des pépites dans l’espace
Parce que l’innovation est un levier majeur de compétitivité, NAE met sur le devant de la scène les projets les plus porteurs dans la région.

Tous les deux ans, la filière Normandie AeroEspace (NAE) récompense ses " pépites ", une sélection d'entreprises portant des projets particulièrement intéressants, véritable " concentré d'innovation ", selon l'expression de Jean-Fabrice Portal, vice-président RTI (Recherche, Technologie, Innovation) de NAE. Dans les domaines des matériaux, de l'électronique, de l'énergie, de l'industrie du futur, on peut constater que l'excellence normande est une réalité. Elle se doit de l'être pour résister à la montée en puissance des start-up de la deep tech, concentrées sur l'innovation de rupture, sur des avancées technologiques complexes et inédites.
Les Normands sont dans la course, comme en témoigne Hervé Gilibert, directeur technique d'Ariane Group : " Les pépites de NAE adressent des sujets qui nous intéressent directement. Elles ont un temps d'avance sur la perception de nos besoins ". Un discours qui s'appuie sur des faits : Volum-e, pépite 2015, a produit la première pièce de métal, réalisée en fabrication additive, à voler dans l'espace, sur le moteur Vulcain du lanceur Ariane 5, qui a décollé en novembre dernier. " Nous avons une dizaine de références retenues pour Ariane 6 ", révèle Hervé Michel, directeur commercial de l'entreprise. " Les innovations doivent avoir un but industriel, continuer à évoluer dans le temps pour trouver des donneurs d'ordre, et poursuivre sans cesse ce cycle de progrès ".
Le message sera certainement reçu fort et clair par la nouvelle promotion des pépites, à l'image de CPM Industries, qui a su évoluer de son métier initial dans la chaudronnerie pour se diversifier dans la mécanique puis dans la conception et réalisation d'outillages spécifiques. Le gérant, Benoist Panchout, a mis au point un groupe hydraulique autonome, améliorant l'ergonomie des postes de travail (plus besoin de soulever de fortes charges) et pouvant être transporté et adapté d'un atelier à l'autre. Cet exemple permet de comprendre que l'innovation peut – et doit – se situer dans tous les aspects du processus industriel. Même si on parle d'aéronautique et d'espace, c'est aussi dans le quotidien que peut se faire la différence.
 
Face à la deep tech
 
Autre pépite s'imposant dans un secteur précis, Solcera, spécialisée dans les céramiques. " Nous disposons à Evreux d'une plateforme unique en France qui nous permet de produire des pièces allant de quelques millimètres à 400 mm de diamètre ", explique la directrice commerciale Ute Kittelmann. Le groupe a porté un projet de céramique transparente offrant des possibilités de design fort intéressantes et qui permet de mettre au point des vitres de protection ou des hublots de caméras embarquées particulièrement performants.
On entre presque dans la science-fiction avec Cordon DS2i qui a développé un dôme de protection d'infrastructures sensibles. " Ce dispositif peut par exemple permettre de protéger des Rafales partout dans le monde, un avion présidentiel ou même une centrale nucléaire ", explique Frédéric Maury, directeur général. Un mât de 20 mètres de haut, équipé d'une caméra, afin de détecter sur un rayon de 1,5 km une présence humaine ou une intrusion, de transmettre les informations à une station de contrôle qui est en mesure d'envoyer des drones ou une équipe d'intervention pour sécuriser la zone.
On retrouve aussi au palmarès de nombreux laboratoires, comme le Cevaa dont l'outil de recalage numérique permet le contrôle de la fiabilité des pièces produites par fabrication additive et la maintenance prédictive des systèmes industriels. Une des têtes d'affiche de la filière normande a également été récompensée, Safran Nacelles, pour l'arrivée de la réalité virtuelle dans sa chaîne de fabrication. " C'est un outil précieux sur la totalité du cycle de production. Elle permet de valider rapidement de nouvelles méthodes de fabrication et d'assemblage, de concevoir des outillages ergonomiques et de former efficacement les opérateurs ", explique Nicolas Lepape, responsable du projet.

Source : Magazine Normandinamik #24 | Janvier - Février 2018

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Par  Bertrand Lefetz