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Brexit : les entreprises normandes doivent se préparer en cas de « no deal » !

Publié le  09/01/2019
Jacques-Olivier Gasly
Transmanche
Brexit : les entreprises normandes doivent se préparer en cas de « no deal » !
Même s’il est difficile de savoir quel sera le scénario retenu au lendemain du 29 mars 2019, l’association Logistique Seine Normandie (LSN), qui regroupe les acteurs de la filière logistique en région, prépare les entreprises normandes au pire. Objectif : éviter qu’elles se retrouvent démunies face à la reprise des contrôles douaniers.

Files d’attentes interminables, contrôles pièce à pièce et taxes différentes en fonction de la nomenclature des produits importés ou exportés… Tel pourrait être le scénario du pire ! Et même si l’ensemble des acteurs économiques européens souhaitent un accord de dernière minute en ce qui concerne les conditions de départ du Royaume-Uni, Alain Verna, président de l’association LSN, entend mobiliser les entreprises autour de cet épineux sujet. « En partenariat avec la Région, nous organisons deux réunions d’information à l’attention des entreprises* pour les inciter à anticiper les changements importants susceptibles d’être dorénavant mis en place ».

En effet, si les entreprises normandes avaient pris l’habitude d’échanger commercialement avec les entreprises du Royaume-Uni aussi simplement que si elles commerçaient en Aquitaine et de « prendre le ferry comme on prend le bus », la donne va désormais changer. En passant sous le statut de pays tiers, tous les flux entrants et sortants en provenance ou à destination du Royaume-Uni feront l’objet de contrôles douaniers.

« En ce qui concerne les échanges hors alimentaire, les douaniers devraient assurer des prélèvements pour contrôle de l’ordre de 1 à 2 % des lots**, mais uniquement dans le cas où toutes les conditions réglementaires sont réunies, où les entreprises sont identifiées auprès des services des douanes et où l’ensemble de la nomenclature de produits importés ou exportés est respectée…  Et pour y parvenir, cela suppose de s’y prendre à l’avance et peut-être de se faire aider. C’est donc une notion très importante à prendre en considération lors de la réalisation de son étude économique », insiste Alain Verna. Car pour lui, si le coût logistique d’un produit est aujourd’hui de 3 à 4 % de sa valeur, il faudra aussi compter sur les frais de douanes engendrés par cette nouvelle situation, de l’ordre de 3% selon la nature des produits et hors accompagnement…  Autant dire que la marge d’une entreprise peut facilement être anéantie.

Toutefois le positionnement de la Normandie doit aussi être considéré comme un atout. En effet, en raison de l’engorgement du détroit de Calais prédit de longue date, un report du trafic vers les ports normands est lui aussi à anticiper. Aujourd’hui seul point de passage autorisé pour les denrées alimentaire à l’export, la place havraise ne dispose pas de la capacité nécessaire pour traiter l’ensemble des flux. Aussi, dans une volonté d’équilibrage territorial permettant à l’ensemble de la façade maritime normande de profiter des retombées économiques, la Région a d’ores et déjà acté un plan d’investissement de nouvelles infrastructures de 30 millions d’euros.

Et si l’association LSN a peu d’inquiétude sur l’organisation des contrôles douaniers, notamment en raison du plan national de recrutement initié par les Douanes et portant sur 700 agents pour l’ensemble de la façade maritime française, elle est en revanche plus réservée sur l’organisation des contrôles phytosanitaires pour lesquels elle ne dispose pour l’heure d’aucune information concrète…

*Après une première réunion organisée à Dieppe fin novembre, deux nouveaux rendez-vous sont programmés en partenariat avec la Région Normandie : l’un à Caen le 15 janvier, le second à Cherbourg le 17 janvier.
**En cas d’importation ou d’exportation de produits alimentaires, l’intégralité des flux doit faire l’objet de contrôles phytosanitaires.

Par  Jacques-Olivier Gasly