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Emploi des cadres en Normandie : l’heure est à la prudence !

Publié le  09/04/2024
Jacques-Olivier Gasly
Image par Tung Lam de Pixabay
L’APEC (Association Pour l’Emploi des Cadres) vient de rendre publics les résultats de son étude sur le bilan des recrutements réalisés sur l’année 2023 et le prévisionnel 2024. Et après le rattrapage de la période post-covid, l’heure est au ralentissement…

En France comme en Normandie, les cadres sont majoritairement des hommes (64% en Normandie, 62 % sur le reste de la France), quadra (45 ans en Normandie contre 43 ans pour la moyenne nationale), travaillant aussi bien dans les ETI et grands groupes que dans les TPE ou PME (50%). Mais la comparaison s’arrête là… car si en France l’industrie ne totalise que 16 % des emplois de cadres, en Normandie, cette part atteint les 28 % ! Autre différence de taille, si en France l’emploi des cadres est majoritairement porté par le secteur des « services à forte valeur ajoutée » (46%), cette représentation n’est que de 30 % en Normandie.

« L’industrie est historiquement présente en Normandie, et ses composantes sont aujourd’hui portées par des secteurs qui sont des moteurs structurels de l’emploi : les transports (automobile, aéronautique, naval…), l’énergie, la pharmacie et la chimie », explique Marc Lesueur, délégué régional Normandie au sein de l’APEC. C’est donc tout naturellement qu’en 2024, le secteur de l’industrie sera le moteur des recrutements en Normandie. 31 % de ceux-ci seront en effet portés par l’industrie alors qu’au niveau national l’industrie ne représente que 14% des intentions d’embauche. A contrario, si en France le secteur des « services à forte valeur ajoutée » (informatique, télécommunications) prévoit de truster 53% des recrutements cadres en 2024, la Normandie ne recense que 26 % d’intentions d’embauche.

Mais quelle que soit l’activité à laquelle se destinent les cadres, une donnée devrait rester universelle pour 2024 : celle de la progression des emplois ! « En 2024, les recrutements de cadres continueraient à progresser, mais à un rythme ralenti nettement (+2%) », révèle l’étude de l’APEC.

Témoins de ces évolutions, deux entreprises normandes. L’une industrielle (Spiragaine), l’autre Veragrow (start-up dans le domaine de l’agroécologie). « En ce qui concerne notre entreprise, nous avons enregistré une hausse d’activité de 22% en 2023 par rapport à 2022 et le secteur pour lequel nous travaillons, celui de la Défense, affiche des commandes pour les 10 prochaines années. Notre problématique, comme celle des entreprises de la filière NAE à laquelle nous appartenons, c’est de recruter, et pour cela nous devons sans cesse prospecter et séduire, car nos entreprises ne sont pas toutes en capacité de proposer les mêmes plans de carrière que les grands groupes franciliens, si proches », explique Hervé Onno, directeur général de Spiragaine.

De fait, la Normandie, en raison de sa proximité avec la région parisienne, est régulièrement confrontée à un phénomène de fuite des cadres aussi bien que d’une fuite des jeunes diplômés. On estime en effet que près de 50% des promotions de cadres formés chaque année sur le territoire quittent la Normandie pour l’Ile de France. Mais ce départ serait temporaire… le temps pour les jeunes diplômés de se faire une place avant de revenir à la source !

« C’est ce qui s’est passé pour moi », explique Alexandre Bocage, président et fondateur de la société Veragrow. C’est en effet en Normandie, sur la commune de Val de Reuil (27), qu’il a fait le choix d’implanter son entreprise, spécialisée dans la fabrication de biostimulants agricoles, issus de la culture du ver de terre. Quatre ans après sa création, celle-ci compte quelques 16 collaborateurs dont 9 cadres. Des profils séduits par le caractère et l’intérêt de la mission mais aussi par le côté transformation environnementale, devenu au fil des ans avec la transformation numérique et énergétique, un véritable moteur structurel du recrutement des cadres.

Par  Jacques-Olivier Gasly