« Nous avons connu à Rouen notre maximum historique d’investissements en 2018. Et nous allons poursuivre ce programme ambitieux. De toute façon, nos clients n’appuient pas sur pause ». Le directeur-général du port de Rouen, Nicolas Occis, résume la tendance qui prévaut autour de l’ensemble portuaire Haropa. L’investissement est une orientation lourde, incontournable. « 550 millions d’euros seront engagés cette année sur les ports de l’axe Seine », relève Hervé Martel, directeur-général du port du Havre. Les trois partenaires ont chacun leurs propres spécificités, et sur chacune d’entre elles des projets importants sont en cours ou vont être démarrés.
À Rouen, c’est l’achèvement des travaux des accès maritimes et l’adaptation du terminal de Senalia, qui devient l’un des plus performants d’Europe pour le trafic de céréales, avec sa capacité de chargement de 1 000 tonnes par heure. À Paris, c’est autour du chantier du Grand Paris que sont menés des aménagements majeurs, avec en premier lieu le projet de Port Seine-Métropole Ouest, dont l’enquête publique sera lancée cette année, et la livraison d’une plateforme à Bonneuil pour l’expédition des déblais issus du creusement de la ligne 15 du Grand Paris Express. Au Havre, c’est le parachèvement de Port 2000, celui des 700 derniers mètres de quai et des portiques 11 et 12 et c’est la poursuite, parfois un peu frustrante par leur longueur, des études préalables sur les accès fluviaux, la fameuse « chatière », qui devrait voir le jour en 2023, au mieux. Hervé Martel se réjouit aussi d’avoir vu le démarrage des travaux d’aménagement pour l’accueil de l’usine de fabrication de pales et d’assemblages de nacelles pour l’éolien offshore et constate par ailleurs « Une vraie dynamique sur la construction d’entrepôts », à l’image du groupe Seafrigo (deux nouveaux entrepôts à venir en 2020) ou des perspectives des parcs logistiques PNLP 2 (livraison en fin d’année d’une plateforme de 49 000 m2) et PNLP 3 (47 hectares destinés à recevoir 230 000 m2 d’entrepôts de dernière génération). À Rouen, c’est RVSL Amont qui va héberger ses premières entreprises dans les prochaines semaines. Cette plateforme dédiée aux conteneurs avec un potentiel d’entrepôts logistiques pouvant atteindre les 80 000 m2.
94,74 millions de tonnes de marchandises en 2018
Comme les bonnes nouvelles arrivent rarement seules, toutes ces perspectives positives s’accompagnent d’excellents chiffres. Après les records de 2017 et pour la deuxième année consécutive, Haropa a affiché en 2018 une croissance globale des trafics de marchandises de +2 % à 94,74 millions de tonnes dans le domaine maritime et de +4,5 % à 22,1 millions de tonnes pour le fluvial en Île-de-France.
Parmi les points forts d’Haropa, la multimodalité continue sa progression. « Elle est au cœur de notre stratégie », rappelle Hervé Martel. Des lignes régulières conteneurs sont lancées (navette fluviale Bolloré Logistics entre la Normandie et Paris, service ferroviaire Le Havre — Suisse romande…). Haropa s’est allié à VNF pour démarrer un plan d’amélioration de la compétitivité du transport fluvial de conteneurs maritimes sur le bassin de la Seine.
Les trafics 2018 d'Haropa
Lancement de Ports de Normandie
Les syndicats mixtes Ports Normands Associés (Caen – Ouistreham et Cherbourg) et le port de Dieppe ont fusionné pour créer « Ports de Normandie », qui va permettre, souhaite le président de région, Hervé Morin, « la définition et la mise en œuvre d’une stratégie portuaire à l’échelle de la Normandie », notamment en matière d’activité transmanche, de plaisance et de pêche. Le nouvel ensemble, dirigé par Philippe Deiss, constitue également un acteur commercial de premier ordre, dont l’activité est, par exemple, supérieure à celle du port de Bordeaux, et dont la place de leader de l’activité transmanche à l’ouest du détroit est ainsi confortée. Les trois ports joueront un rôle important dans les Énergies Marines Renouvelables. « L’union de nos trois ports est avant tout l’affirmation d’une priorité et d’une ambition collectives et politiques de la stratégie portuaire et maritime de la Normandie, qui a trop longtemps tourné le dos à la mer. Développer l’activité pour augmenter la valeur ajoutée et favoriser l’emploi sur le territoire, optimiser le fonctionnement général du système portuaire normand, voilà notre objectif ! », déclare Hervé Morin.
Copyright : Magazine Normandinamik #31 | Mars - avril 2019