« Le Guillaume de Normandie » pour renforcer les liens entre la France et l’Angleterre…
Alors que la reprise post-Covid, à laquelle est venue se greffer la saga Brexit, a été particulièrement « chahutée » pour l’ensemble des acteurs du trafic transmanche, l’opérateur Brittany Ferries, dernier armateur national à recourir à du personnel sous contrats français à bord de sa flotte, vient d’annoncer l’arrivée d’un nouveau navire sur la ligne Caen-Ouistreham/Portsmouth. A l’horizon avril/mai 2025, « Le Guillaume de Normandie » remplacera le « Normandie », actuellement en service.
« Il s’agit pour nous d’une stratégie d’investissement volontariste, qui correspond également à une logique de souveraineté », a ainsi expliqué Jean-Marc Roué, président du Conseil de surveillance de Brittany Ferries. Pour la compagnie maritime française dont le siège est à Roscoff, en Bretagne, les enjeux sont multiples : séduire une clientèle française qui peine à revenir, maintenir l’attrait de ses lignes face à la concurrence du Pas-de-Calais, mais aussi « fixer » en Normandie les touristes britanniques de passage.
Un public qui se distingue par exemple des utilisateurs de l’avion par sa propension à compléter ses voyages par 9 à 10 nuitées supplémentaires, soit un total de 10 millions de nuitées en France. « Pour la Normandie, ce chiffre est actuellement de 2,5 millions de nuitées, soit pas moins de 231 millions d’euros dépensés localement (90 € en moyenne par nuitée) », explique ainsi Sophie Gaugain, 1ère vice-présidente de la Région Normandie qui, avec Ports de Normandie, a également décidé de « jouer la carte de l’excellence environnementale, devançant ainsi les dernières directives européennes en matière portuaire ». Dès 2027, l’ensemble des trois ports Caen-Ouistreham, Cherbourg et Dieppe disposeront ainsi de quais raccordés électriquement afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre des navires, alors que la réglementation européenne ne l’imposera qu’à partir de 2030.
Côté fret également, la compagnie maritime fait part de ses attentes. « Entre 2019 et 2022, l’intégralité de la façade Manche a enregistré une baisse de -20 % du fait du Covid et du Brexit. Et depuis, nous avons globalement perdu, tous opérateurs confondus, 1/5e du trafic camions, ce qui, comme vous le savez, est un indicateur de la vitalité ou non des échanges internationaux… En cause, la nouvelle structuration du Royaume-Uni et de ses échanges, ce qui se traduit par moins de consommation et moins de production », détaille Jean-Marc Roué. « La seule contrepartie que nous observons face à cette chute de -8 % sur le nouvel exercice, c’est l’évolution très significative et la position dominante du port de Cherbourg sur le fret à destination de l’Irlande. Et même si les chiffres n’ont rien à voir avec le volume global des échanges entre la Grande-Bretagne et la France, il faut quand même souligner les + 400 % de la ligne Cherbourg-Rosslare », insiste le président du conseil de surveillance de Brittany Ferries.
C’est donc dans ce contexte tendu que « Le Guillaume de Normandie » aura pour mission de répondre toujours plus aux exigences du tourisme de demain : nombre de lits plus important, cabines de luxe, accueil des animaux domestiques…
Les chiffres :
- Un potentiel annuel de + 5 000 camions par rapport à la capacité du Normandie
- Un potentiel de + 350 000 euros sur l’offre « petits budgets »
- Un ferry conçu pour augmenter de 10% le nombre de visites en Normandie d’avril à mi-juillet et en automne, soit un potentiel de +15 000 passagers sur la ligne normande, soit un potentiel total de + 3.5 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.