Le plus urgent pour les entreprises : que les grands donneurs d’ordres organisent la reprise !
Présentée lundi 18 mai 2020, « 100 propositions pour fixer le cap et impulser le rebond » (lire notre article du 18/05/2020) est la transcription du dispositif CCI RELANCE, initié dès le 17 avril par les CCI de Normandie, afin de donner la parole aux chefs d’entreprise pour qu’ils fassent part de leur préconisations pour redynamiser la vie économique au sortir de la crise sanitaire. Site internet dédié, webinaires… pas moins de 300 dirigeants ont accepté de s’exprimer et d’imaginer quelques 450 actions.
« Impossible de toutes les citer » reconnaît Léa Lassarat, présidente de la CCI Seine Estuaire, « mais il est important de rappeler que ce sont des propositions qui viennent directement des chefs d’entreprise. Aujourd’hui encore, nous continuons de recueillir leurs avis car nous enrichissons cette base de réflexions, avec des solutions applicables tout de suite, d’autres à plus long terme ».
Et la toute première réponse du réseau consulaire à ces besoins exprimés par les entreprises est sans doute la plus emblématique, puisqu’il s’agit de la distribution en trois semaines de 250 000 masques pour faire en sorte que la réouverture des entreprises et des commerces ne soit pas freinée par ce manque. « Au moment où nous avons lancé la consultation, il s’agissait de la question la plus importante », rappelle Léa Lassarat.
Du commerce à l’industrie, tous entendus !
Parmi les nombreuses pistes de réflexion exprimées par les professionnels de l’économie régionale, celle de recourir à des « drives mutualisés de centre ville ». « Les pratiques évoluent », reconnaît Michel Collin, président de la CCI Caen Normandie. « On a des commerces qui sont restés ouverts avec du clic & collect ou des systèmes de livraison. On a aussi des pratiques intéressantes de commerces qui s’entraident, qui font des packagings à plusieurs, des dépôts organisés chez d’autres commerçants restés ouverts pendant le confinement… Le commerçant qui va vouloir s’en sortir va devoir sortir de son commerce et aller vers le client. Il devra aussi pratiquer le numérique bien plus que par le passé ». Des pratiques qui pouvaient jusqu’ici être considérées comme des techniques tendancielles, mais qui désormais se confirment et s’accélèrent, assure Michel Collin.
Ce recueil de propositions, émanant directement des besoins exprimés par les entreprises et non par des administratifs, a désormais vocation à être consulté par les pouvoirs publics et les grands donneurs d’ordres. Il doit surtout être de nature à les inspirer…
Même s’il reconnaît ne plus « croire aux miracles depuis longtemps », Gilles Treuil, président de CCI Normandie, a en effet rappelé la nécessité de l’écoute et de prises de décisions économiques nécessaires. « Des décisions qui ne soient pas que politiques, mais également économiques », souligne l’élu, par ailleurs chef d’entreprise. Un argument aussitôt repris par Pierre-Jean Leduc, président du Medef Normandie. « Ce que l’on attend prioritairement des donneurs d’ordres, c’est qu’ils reprennent le travail ! Les grands donneurs d’ordres sont aujourd’hui à l’arrêt… ce qui fait que la supply chain est elle aussi à l’arrêt et en grande difficulté. La priorité est donc qu’il puisse donner une vision très claire de leur plan de redémarrage qui reste très flou ».
En Normandie, les indicateurs économiques témoignent de l’ampleur du choc de la crise sanitaire : chute de 60 % des créations d’entreprises (250 immatriculations d’entreprises en avril 2020 contre près de 650 le même mois l’année dernière) ; 2/3 des entreprises ont eu recours au chômage partiel pour tout ou partie de leurs salariés début mai. Après la sidération, l’heure est désormais au rebond !