Nucléaire en Normandie : la bataille de l’emploi sera cruciale !
« Le sujet du nucléaire est un sujet majeur… Non seulement le nucléaire permet de décarboner, mais il permet également de réindustrialiser tout en contribuant à notre souveraineté énergétique, autre sujet d’importance dont le grand public a pu prendre conscience depuis le début du conflit ukrainien », explique Xavier Ursat, directeur exécutif du Groupe EDF en charge de la direction Ingénierie et Projets Nouveau Nucléaire.
Un secteur qui emploie actuellement en France 210 000 personnes et dont les effectifs vont devoir progresser à 290 000 à terme. Autrement dit, en tenant compte des départs naturels à la retraite et des besoins futurs, le rythme des recrutements doit être porté à 10 000 personnes par an sur une période de 10 ans, ce qui fait dire au responsable d’EDF que nous venons d’entrer dans « la phase industrielle » du recrutement.
« Nous serons prêts », ont unanimement répondu les partenaires et acteurs de la formation et de l’emploi sur le territoire, présents à l’occasion de ces rencontres. « Mais ce sur quoi nous devons prioritairement travailler, c’est notre image auprès des jeunes… Après des années de nucléaire-bashing, nous devons leur faire prendre conscience de la diversité des métiers que regroupent nos activités et qu’avec les grands chantiers qui s’annoncent, d’autres compétences seront également nécessaires », alerte Olivier Durand, pilote Emploi Formation du Grand Chantier de l’EPR2.
Pour ce faire, parents et filières pourront compter sur le dispositif de stages de découverte des métiers (mini stages) porté par les CCI. « Avec les chambres de commerce et l’Agence Régionale de l’Orientation et des Métiers de Normandie, nous avons développé cette possibilité d’effectuer des stages dans les entreprises pour les jeunes, dès la classe de 4ème jusqu’à l’université, et dont il est indispensable que la filière se saisisse », rappelle Hervé Morin, président de la Région Normandie.
Comme l’a souligné Eric Pannetier, directeur des Opérations Chantier Penly 3 & 4, « ce qui va se construire ici, c’est une nouvelle ville… ». Ainsi dès aujourd’hui et avant que ne soit coulé le « premier béton » de la centrale à proprement parler, prévu dès l’année prochaine (2024), les besoins en matière de génie civil ne vont cesser de croître. Et pour être informées des opportunités de marchés, les entreprises peuvent de nouveau compter sur le soutien des CCI, via la plateforme CCI Business. « Grâce à CCI Business, nous connectons les donneurs d’ordres aux PME et nous leur donnons toutes les informations nécessaires en matière de calendrier, de sensibilisation ou encore pour ce qui relève de l’accompagnement à la montée de compétence », souligne ainsi Vincent Laudat, président de la CCI Rouen Métropole.
Et qui dit programme de relance du nucléaire, dit également montée en puissance de sa filière de retraitement. Ainsi l’entreprise Orano (ex-Cogema), installée depuis 55 ans dans la Manche, à la Hague, et qui a déjà retraité près de 40 000 tonnes de combustible (10 % de l’électricité produite en France l’est via du combustible retraité), va elle aussi devoir revoir ses capacités à la hausse. « L’usine de retraitement de la Hague a été conçue pour des centrales dont la durée de vie initiale était de quarante ans », explique Jean-Christophe Varin, directeur adjoint du site Orano La Hague. Un site pèse déjà fortement dans l’économie locale. En 2023, l’entreprise a déjà procédé à quelques 550 recrutements, dont 250 en alternance, et si celle-ci a déjà réalisé en 2023 pour 850 millions d’euros d’achats, contre 650 en 2020, cette part devrait être portée à 1 milliard dès 2025, avec de réelles retombées pour l’économie locale : 75 % des achats réalisés l’ont été en Normandie !
Une matinée d’échanges suivie de rendez-vous BtoB entre professionnels du secteur et qui ont totalisé quelque 300 rendez-vous business…