Quand la reconnaissance de ses pairs peut constituer une faille de sécurité !

A l’échelle internationale, la France a toujours bénéficié d’une forte reconnaissance pour ses recherches. Rien qu’à l’échelle européenne, la France totalise près de 10 % des publications scientifiques les plus citées de l’Union, soit 4 points de plus que la moyenne mondiale*, et où les mathématiques sont fortement représentées. Rien d’étonnant donc à ce que cette excellence scientifique puisse bénéficier d’une réelle notoriété et être récompensée par de nombreuses distinctions mettant en lumière nos chercheurs français. Mais si cette reconnaissance est légitime, elle ne doit cependant pas occulter le fait qu’elle puisse susciter des intérêts malintentionnés.
A l’occasion du n°104 de son « Flash ingérence économique », la DGSI met en garde contre des pratiques qui ont pour objectif la mise en place de « coopérations académiques déséquilibrées, susceptibles d’entraîner des captations de savoirs et de savoir-faire », ou tout simplement d’inciter ces talents à aller travailler dans d’autres pays.
Afin de porter à la connaissance du plus grand nombre ces pratiques, la DGSI rapporte trois cas d’approche de chercheurs français primés, ayant été ciblés par des structures étrangères qui cherchaient à tirer profit de leur expertise, de leur réputation et de leur réseau professionnel. Des exemples anonymisés mais bien réels, ponctués de préconisations, et rappelant le rôle essentiel joué par le fonctionnaire de sécurité défense (FSD).
Chargé d’animer et de coordonner la politique en matière de défense, de vigilance, de prévention de crise et de situation d’urgence au sein du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, celui-ci devrait être systématiquement sollicité avant d’accepter tout partenariat étranger. De même, « en cas de sollicitation, il est essentiel de se rapprocher du FSD de sa structure de tutelle afin que les risques au regard de la protection du patrimoine scientifique et technique de la Nation (PPST) soient évalués en lien avec le ministère compétent. La question du partage de la propriété intellectuelle doit également constituer un point d’attention majeur », insiste la direction générale de la Sécurité intérieure.
*Source : Dynamics of scientific production in the world, in Europe and in France, 2000-2016 (Observatoire des sciences et des technologies)