Le marché de l’emploi des cadres en Normandie est dans une phase très dynamique, selon l’enquête annuelle de l’Apec. François Ieracitano, président du comité paritaire régional de l’Apec Normandie parle même d’une « année 2018 exceptionnelle, qui sera prolongée voire amplifiée en 2019 ». « Les recrutements augmentent, malgré une croissance économique mesurée », poursuit-il.
En effet, 6 440 recrutements cadres ont été enregistrés l’an passé (+ 21 % par rapport à 2017, contre + 11 % en France), dont 2 690 promotions internes, « un levier qui a été activé de façon plus importante que par le passé », souligne Marc Lesueur, délégué régional de l’Apec. En tenant compte des sorties par démission, licenciement, retraite, on obtient un solde de 2 180 nouveaux postes créés. La Normandie totalise donc 124 000 cadres, une statistique en hausse de 1,8 % en un an. Le taux de chômage s’établit à 3,8 %, et l’Apec ne manque pas de détecter des tensions : « en 2014, une offre recevait cinquante candidatures. En 2018, une vingtaine », constate Marc Lesueur.
La tendance haussière devrait se poursuivre cette année, puisque 7 000 recrutements sont prévus, un chiffre record. La Seine-Maritime et la Manche sont les moteurs de cette dynamique. L’Apec mènera d’ailleurs en septembre prochain, en partenariat avec Lattitude Manche, une action de communication auprès de cadres parisiens, mobilisant pour l’occasion des entreprises en recherche de personnel d’encadrement.
Plus de projets que de candidats
Si les services sont les plus gros recruteurs potentiels, l’industrie normande continue d’embaucher des cadres, selon des proportions beaucoup plus importantes que dans le reste de la France. La fonction « commercial – marketing » est la plus recherchée, alors que l’informatique régionale demeure à la traîne : elle ne représente que 7 % des perspectives de recrutement contre 20 % en France où elle est le numéro 1. Les cadres de 1 à 10 ans d’expérience constituent près de 6 recrutements prévus 10.
Ces performances encourageantes ont un revers, celui d’être « dans un marché en pénurie », regrette Stéphane Merai, directeur associé de Attinéo, entreprise de service du numérique. « Nous avons beaucoup plus de problèmes à trouver des candidats que des projets », explique-t-il. Pour compenser ce manque, Attinéo, outre une forte présence dans les écoles, joue sur « la marque employeur », pour attirer les jeunes diplômés. C’est un ensemble de mesure autour de l’atmosphère de travail, de la responsabilisation, de la possibilité de s’investir sur ses propres projets, sur l’attractivité régionale en général. « La dynamique amène des tensions, l’enjeu est de capter et fidéliser les compétences dans l’entreprise », appuie Véronique Roussel, dirigeante d’Auditech Innovation.
Sur le reste du territoire, le marché est tout aussi porteur. « La demande en savoir-faire des cadres ne cesse de croître dans un contexte de transformation numérique et organisationnelle des entreprises », déclare le directeur général de l’Apec, Bertrand Hébert. Le nombre d’embauches devrait être en hausse de 10 % cette année, frôlant les 300 000.