
Le moins que l'on puisse dire, c'est que chez les Chedru, on sait cultiver la différence. Après le père qui a repris il y a une dizaine d'années " La Ferme des Peupliers " (fabrication de yaourts sur la commune de Flipou, dans l'Eure), c'est au tour de ses deux fils de se lancer dans l'aventure industrielle. Tous deux viennent en effet d'installer sur l'exploitation laitière qu'ils ont repris à la barre du tribunal en 2011 une unité de traitement du lait destinée à la fabrication de produits transformés.
" L'idée d'une ferme à deux pas de la ville d'Évreux nous a beaucoup séduits. Cela a été le tremplin pour y implanter une activité de circuit court pour valoriser les productions locales au travers de l'installation du premier drive fermier de l'Eure ", se remémorent Édouard et Antoine Chedru. Mais disposer d'une exploitation laitière juste pour y implanter un " drive ", économiquement, cela ne tient pas. A fortiori lorsqu'au plus fort de la crise laitière, la coopérative à laquelle ils adhèrent franchit le seuil des 20 centimes d'euro le litre de lait…
" Si nous voulions poursuivre notre activité, il était impératif de nous orienter vers une production à plus forte valeur ajoutée ", concèdent les deux frères. Et c'est naturellement que vient l'idée de la commercialisation de lait sous marque propre et la réalisation de spécialités laitières telles que le fromage blanc ou la faisselle. Une idée sur laquelle, brique après brique, le projet va voir le jour. " Grâce à notre expérience dans la fabrication de yaourts, nous savions que de la nourriture des bêtes dépendent le goût et la qualité du produit fini. Et vu que nous nous sommes investis dans une philosophie de circuit court, c'est autour de cela que nous avons construit le projet ".
C'est donc de manière évidente que la décision a été prise de nourrir les 140 vaches de l'exploitation à partir des productions de la ferme. Sur les 160 hectares de la ferme, 110 sont réservés à la culture et 40 aux pâtures. " Tout ce qui est donné aux vaches, vient de la ferme. Garanti sans OGM ", assure le père, François Chedru. Et pour aller jusqu'au bout du bout, une réflexion est actuellement en cours sur les protéines données aux animaux pour, là aussi, être en autonomie.
Pour rendre ce projet réalisable, les Chedru auront investi quelques 600 000 euros et bénéficié du soutien de la Région Normandie et de Bpifrance. Pas des banques… Mais il en fallait plus pour abattre les trois hommes qui désormais se délectent des premiers retours clients. " Nous allons commercialiser officiellement après les Fêtes normandes où nos produits seront présentés, mais nous avons déjà réalisé quelques tests sur le Drive. Ils sont très prometteurs. Les gens nous disent qu'ils retrouvent le goût du lait que l'on perd avec du UHT ".
Si localement l'exploitation a permis de créer 5 emplois (certaines fonctions support sont mutualisées avec la maison mère), les deux entrepreneurs envisagent dès la première année de traiter 300 000 litres de lait et de monter progressivement en puissance pour atteindre d'ici 3 ans le million de litres transformés.
Source : J-O.G.
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