COVID-19 : le secteur de la logistique sous tension
En fonction du secteur d’activité dans lequel ils évoluent, les transporteurs ne vivent pas la crise du COVID-19 de la même manière. Nous avons donc contacté différents acteurs, de bout en bout de la chaîne.
La crise : on la gère au jour le jour…
Tout en haut de la chaîne logistique se situent les navires. Les ports constituent en effet un maillon essentiel où tout est mis en œuvre pour éviter que la machine ne se grippe. « Le port et l’ensemble des entreprises portuaires sont ouverts et fonctionnent à un niveau de service quasi-normal », assure Pascal Gabet, directeur de HAROPA – Port de Rouen. « Les navires arrivent, repartent… Tous les jours il y a des mouvements ». Une activité qui se vit néanmoins au jour le jour, en fonction des facteurs de risques.
« Si le nombre de personnes malades sur le port augmentait, nous pourrions être amenés à baisser le niveau de service. Mais aujourd’hui, l’économie portuaire continue d’alimenter les chaînes logistiques : on a pas mal de produits énergétiques qui arrivent pour faire chauffer les hôpitaux, on a aussi des produits d’équipement », détaille le directeur. De même, si vous voulez faire fonctionner les transporteurs, il faut leur donner de l’activité. On est vraiment à un endroit de l’économie française qui, s’il venait à se gripper, aurait des conséquences importantes. Pour l’instant ça passe, mais c’est une lutte de tous les jours et on va essayer de tenir le plus longtemps possible… ».
Au Havre, Olivier Leloup Transports fait partie de ces entreprises qui tentent de maintenir leur activité. « Dans notre secteur nous sommes tributaires des autres et inversement. C’est-à-dire que l’économie a besoin de nous pour fonctionner, mais sans économie, nous n’avons pas de travail… », résume Olivier Leloup, directeur d’une entreprise spécialisée dans le transport de matières dangereuses.
Traditionnellement son activité se décompose en trois grands secteurs : le transport de conteneurs citernes, le transport en citernes routières et le transport plateau. « Aujourd’hui, nous fonctionnons à 60 % de nos capacités. Le personnel administratif est en télétravail et dans la mesure du possible, nous faisons tourner nos chauffeurs ». Mais le plus compliqué, concède-t-il, a été de trouver les équipements nécessaires pour que ces derniers soient en parfaite autonomie, y compris en eau et en nourriture… Une commande groupée de 2 000 masques lui a tout de même été possible récemment, en lien avec l’Union Maritime Portuaire du Havre dont il est adhérent.
« Cependant, on assiste à des comportements et des mises à l’index que nous connaissions déjà, mais qui depuis les mesures de confinement, prennent des proportions nauséabondes », déplore Olivier Leloup. « Avant la crise du COVID-19, les chauffeurs routiers étaient déjà mal considérés. En livraison chez les clients, les gars doivent souvent se débrouiller par eux-mêmes. Mais là, leur refuser l’accès aux lieux de vie pour pouvoir prendre un café ou aller juste aux toilettes, c’est inacceptable ! ». Des pratiques que cet adhérent au groupement FLO dénonce fermement, tout en faisant savoir que les chauffeurs de son groupement en transit sur son secteur trouveront chez lui cette solidarité qui fait tant défaut.
Dans l’Eure, Benjamin Hirsch est à la tête de l’entreprise familiale des Transports Hirsch. Une entreprise qui, en plus de 50 ans d’activité, n’a jamais été confrontée à une telle situation. « Nous fonctionnons à 1/3 ! 1/3 d’effectif et 1/3 de chiffre d’affaires… », explique le dirigeant de l’entreprise de transport de marchandises générales. Une activité qui ne fait malheureusement que refléter celle de ses clients.
« Dans le secteur de l’automobile par exemple, qui constitue une activité régulière de l’entreprise, nous transportons des pièces pour alimenter les lignes de fabrication. Celles-ci étant à l’arrêt, l’activité est suspendue… », déplore Benjamin Hirsch. Heureusement, la diversification de sa clientèle lui permet une poursuite d’activité. « Nous livrons des bases logistiques de grande surface en produits secs, nous avons également des clients dans le secteur de la pharmacie pour lesquels nous réalisons des transports essentiels, et nous intervenons également pour le transport de courrier et de colis de La Poste qui a été désignée Opérateur d’Importance Vitale ».
S’il n’a pas eu trop de mal à sensibiliser et équiper ses chauffeurs (l’entreprise a instauré la mise en place des consignes liées aux gestes barrières et procédé à la distribution de savon liquide et de gel dès le 28 février), le transporteur doit néanmoins jouer sur les plannings, les congés et le recours au chômage partiel pour faire tourner les chauffeurs qui sont en état de travailler et ceux qui, qualifiés de personnes à risque par la CPAM, doivent rester chez eux. Sa crainte désormais : que la situation dure trop longtemps car si l’entreprise continue de faire du chiffre d’affaires, « cette activité se fait au détriment de la rentabilité », reconnaît Benjamin Hirsch, citant des temps d’attente et de déchargement plus longs, mais aussi des camions moins remplis qu’à l’accoutumée.
COVID-19 : les CCI mobilisées aux côtés des entreprises
Crise sans précédent, l’épidémie de coronavirus qui affecte notre pays impacte également notre territoire, perturbant fortement l’activité économique dans de nombreux domaines (tourisme, hôtellerie/restauration, transport…).
Les CCI de Normandie unissent leurs forces pour aider les entreprises à comprendre et mettre en place les mesures de l’État.
Ainsi, dès aujourd’hui, nos conseillers d’entreprises sont joignables via :
☎ Un numéro de téléphone dédié : 02 32 100 520
Une adresse email : entreprises-coronavirus@normandie.cci.fr
📍 Une page web mise à jour : https://www.normandie.cci.fr/2020/03/13/le-coronavirus-covid-19-et-lentreprise-ccin/