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Semaine européenne des CCI : les entreprises ont besoin de plus d’Europe, mais surtout de mieux d’Europe !

Publié le  07/05/2021
Jacques-Olivier Gasly
De gauche à droite : Gérard Lebaudy (Biscuiterie de l'Abbaye) ; Erick Bocq (CCI Caen Normandie) ; Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne ; Arnaud Renouf (Datexim) & Thomas Lefèvre (Natureplast).
Dans le cadre de la semaine européenne des CCI, les CCI de Normandie ont organisé une table ronde en présence de Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne. Objectif : recueillir les impressions des entreprises en vue de la rédaction d’un livre blanc, réalisé à l’occasion de la prochaine présidence française de l’Union européenne.

« Relance, puissance, appartenance ». C’est au travers de ces trois thèmes que la France entend marquer de son empreinte la présidence du Conseil de l’Union européenne, qu’elle assurera dès le mois de janvier 2022 et jusqu’au mois de juin de la même année. « Afin de préparer cette présidence, plusieurs tables rondes sont organisées dans les régions françaises afin de recueillir les impressions des entreprises vis-à-vis de l’Europe et ainsi co-construire une vision d’avenir », a expliqué en guise d’introduction de la table ronde normande, Erick Bocq, élu de la CCI Caen Normandie où elle était organisée.

« Les entreprises sont les moteurs de nos territoires et elles seront les poumons de la relance. L’action européenne impacte au quotidien nos territoires, qu’on soit en recherche de financement ou que l’on ait à faire face à un problème de certification… », a quant à elle précisé Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne, bien décidée à mieux faire connaître le rôle de l’institution européenne et surtout à faire remonter les problématiques de terrain.

Pour ce faire, plusieurs chefs d’entreprise ont ainsi été invités à présenter leur relation à l’Europe et ce qui avait pu être réalisé grâce à son concours, mais aussi à témoigner de leurs difficultés. Responsable de la Biscuiterie de l’Abbaye, Gérard Lebaudy est le premier à raconter son quotidien. « On assiste souvent à une surenchère dans la transposition des textes européens, ce qui est susceptible de mettre les entreprises en difficulté », a ainsi indiqué le responsable qui a vécu une situation compliquée en matière d’export.

« Dans l’exemple qui nous concerne, il faut savoir qu’au Canada, il existe une législation qui impose en matière d’agroalimentaire le recours à des farines enrichies que nous n’utilisons pas chez nous. Avant la mise en place des accords commerciaux de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA), il y avait une certaine souplesse à l’importation de produits européens qui n’existe plus aujourd’hui… ». Par ailleurs, ayant bénéficié d’un accompagnement financier de l’Europe, la Biscuiterie de l’Abbaye a également pu témoigner de la difficulté à monter un dossier. « Nous avons à remplir des tableaux prévisionnels à 5 ans, or ce n’est pas forcément l’horizon que l’on a dans une PME agile », souligne Gérard Lebaudy.

Comme lui, trois autres chefs d’entreprise ont pu prendre part à cette table ronde de deux heures : Thomas Lefèvre, président de Natureplast ; Arnaud Renouf, responsable de de Datexim ainsi qu’Erick Bocq, élu à la CCI Caen Normandie mais également co-responsable de la start-up Loop Dee Science. Tous ont ainsi été en mesure de remonter leurs difficultés et de partager leurs inquiétudes relatives à telle ou telle orientation.

« Dans notre domaine, nous sommes confrontés à une vraie problématique avec le nouveau règlement européen appliqué aux systèmes médicaux, qui impose de faire certifier les produits avant leur mise sur le marché. Nous, notre produit est déjà certifié CE, mais nous devons lui faire repasser une certification correspondant au nouveau règlement. Or il faut savoir qu’il n’existe en Europe que 24 organismes habilités à le faire alors qu’ils étaient 90 il y encore 10 ans de cela. Et pour la France, il n’en existe qu’un auquel s’ajoute un autre organisme européen qui accepte de le faire en français. Et pour vous donner une idée du volume à traiter, il faut savoir qu’en Europe, il existe 500 000 dispositifs médicaux pour lesquels, dans 80 % des cas, une auto-certification était suffisante. Le nouveau règlement, lui, inverse totalement cette proportion et surtout confie à des sociétés privées commerciales, notre droit d’accès au marché européen », prévient Arnaud Renouf, chef d’entreprise, mais également à la tête du collectif Normandie HealthTech, qui regroupe les sociétés normandes du secteur de la santé, elles aussi impactées.

« Plus que jamais, il faut jouer collectif, et j’ai bien entendu vos remarques », leur a répondu la députée européenne, Stéphanie Yon-Courtin qui a également appelé de ses vœux l’organisation, en partenariat avec les CCI, de réunions thématiques à la Commission européenne. « Je crois profondément au triptyque Europe – National – Local et sans le travail en région, autant se tirer une balle dans le pied », a-t-elle conclu.

Par  Jacques-Olivier Gasly